L’Indonésie a accueilli environ 13,9 millions de visiteurs internationaux en 2024 et autour de 15 à 16 millions de touristes étrangers sont attendus sur l’ensemble de l’année 2025, selon le dernier bilan provisoire publié par l’agence Statistics Indonesia (BPS). La fréquentation reste en hausse d’environ 10 % par rapport à 2024, confirmant la place croissante de la destination indonésienne dans le tourisme asiatique.
Le plus grand pays d’Asie du sud-est entend désormais s’imposer comme un acteur important du tourisme international et combler son retard sur la Thaïlande en matière d’attractivité, sans concentrer sa croissance uniquement sur la populaire île de Bali. En vue d’augmenter les arrivées internationales à l’horizon 2026‑2027, le ministère indonésien de l’Économie et du Tourisme a identifié 15 marchés prioritaires dans sa stratégie à moyen terme, avec l’Australie, la Chine, l’Inde et le Japon en tête. La France figure également parmi ces marchés ciblés, portée par une clientèle qui combine souvent un premier voyage à Bali et des séjours ultérieurs plus itinérants dans l’archipel aux 17 000 îles.
Formalités, budget et conditions d’entrée
Pour les ressortissants français, l’accès au pays reste relativement simple, avec la généralisation de l’e‑VOA (electronic Visa on Arrival) et du e‑visa touristique, à demander en ligne avant le départ pour un séjour de 30 jours renouvelable une fois. Depuis septembre 2025, une carte d’arrivée numérique « All Indonesia », regroupant notamment la déclaration de douane et le formulaire sanitaire, doit également être remplie en ligne avant l’entrée sur le territoire dans les principaux aéroports internationaux, dont Jakarta, Denpasar et Surabaya.
Le coût de la vie demeure attractif, y compris à Bali, alors que l’île reste l’une des régions les plus chères du pays. Un routard peut s’en sortir avec un budget quotidien d’environ 30 € à Bali, tandis qu’un voyageur recherchant davantage de confort devra prévoir autour de 60 € par jour. à Jakarta, la capitale indonésienne, une chambre d’hôtel de standard international se trouve autour de 40 € la nuit, et un repas local dépasse rarement quelques euros.
Nouvelles destinations mises en avant
Les marchés émetteurs comme la France devraient ainsi être, dans les prochaines années, des cibles principales des campagnes de communication indonésiennes visant à promouvoir des destinations alternatives à Bali. Le ministère du Tourisme met en avant plusieurs régions jugées prioritaires afin de mieux répartir les flux touristiques sur l’archipel et encourager un voyage plus diversifié.
La principale est Labuan Bajo, dans la province de Nusa Tenggara orientale, porte d’entrée du parc national de Komodo inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Komodo National Park a accueilli plus de 300 000 visiteurs en 2024, dont près des deux tiers d’étrangers, et plus de 120 000 personnes entre janvier et mai 2025, une fréquentation soutenue par de nouvelles liaisons internationales en provenance de Singapour et de Malaisie. Labuan Bajo reste ainsi l’un des cinq sites stratégiques promus par l’État pour développer un tourisme de nature et d’aventure, complémentaire du séjour balnéaire à Bali.
Toba, Borobudur et les autres pôles
Autre destination mise en avant : le lac Toba, au nord de Sumatra, considéré comme le plus grand lac volcanique du monde. Ce vaste site naturel, né de l’effondrement d’un supervolcan, offre un cadre propice au tourisme lent et à l’écotourisme, avec une mise en valeur progressive de la culture batak dans les campagnes de promotion officielles.
Monument classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le temple de Borobudur à Java reste l’un des plus grands ensembles bouddhiques au monde et figure parmi les projets prioritaires du gouvernement pour diversifier les itinéraires de voyage au‑delà des plages de Bali. Deux destinations littorales, Lombok et Likupang, sont également positionnées comme alternatives balnéaires, avec des investissements dans les infrastructures d’accès et l’hébergement depuis plusieurs années.
Accès aérien et tarifs depuis la France
Un frein structurant demeure l’absence de liaison aérienne directe entre la France et l’Indonésie. Contrairement à la Thaïlande ou à Singapour, qui disposent de vols directs vers Paris, l’Indonésie n’est reliée à l’Europe que par quelques vols directs, notamment Amsterdam‑Jakarta, tandis qu’au départ de la France une escale reste nécessaire, le plus souvent à Dubaï, Doha ou Abou Dhabi.
Les tarifs aller‑retour Paris‑Jakarta ou Paris‑Denpasar oscillent généralement entre 800 € et 1 000 € en classe Économique, avec des variations saisonnières. Une option fréquente consiste à rejoindre Singapour en vol direct, parfois autour de 700‑800 € avec Singapore Airlines ou Air France, puis à poursuivre le voyage vers Jakarta ou Bali en vol régional, certains vols étant proposés à moins de 120 € l’aller-retour par les low‑cost telles qu’AirAsia ou Scoot.
Sécurité et conseils de terrain
L’un des atouts de Bali reste sa facilité d’accès pour les voyageurs peu expérimentés, avec des services touristiques largement structurés. L’île est généralement considérée comme sûre, même si les accidents de scooter, souvent liés à l’absence de casque et à la méconnaissance du code local, restent fréquents chez les touristes.
Explorer le reste de l’Indonésie demande davantage de vigilance, en particulier dans certaines provinces où les infrastructures routières restent dégradées. Le Quai d’Orsay ne classe pas le pays parmi les destinations à risque élevé, mais recommande d’éviter la conduite de nuit et de rester prudent dans les grandes agglomérations, notamment pour les femmes en vacances en solo. Les manifestations et tensions politiques survenues à Jakarta et dans d’autres villes en 2025 ont conduit certains pays à appeler leurs ressortissants à se tenir à l’écart des rassemblements.
Séjours organisés et nouvelles pratiques
Pour découvrir sereinement les destinations en dehors de Bali et mises en avant par l’État indonésien, de plus en plus de touristes optent pour un séjour organisé ou sur mesure, via des agences locales ou des tour‑opérateurs spécialisés. Ce choix permet de s’appuyer sur des professionnels pour la logistique des transports intérieurs, les conditions d’accès à certains parcs nationaux et le respect des règles environnementales, qui se renforcent dans des zones comme Komodo.
Pour les visiteurs français, l’Indonésie se positionne désormais comme une destination de voyage combinant grandes villes, plongée, randonnées et découverte culturelle, avec des possibilités de séjour balnéaire ou de vacances actives dans plusieurs îles au‑delà de Bali, notamment à Lombok, Flores ou Sulawesi. Des voyagistes spécialisés de l’Asie du sud-est, tels qu’Asia ou Maisons du Voyage, proposent des circuits incluant vols, hébergements et visites accompagnées. L’agence locale Indonésie en Liberté, membre du réseau byNativ, organise de son côté des circuits sur mesure combinant Bali avec Java et/ou Sulawesi, ou des itinéraires hors de Bali, comme son offre « Sumatra, immersion dans la jungle ». Ces programmes personnalisés permettent d’adapter la découverte de l’Indonésie à chacun selon ses centres d’intérêt – culturels, naturels ou balnéaires – avec l’accompagnement de guides francophones. Installée sur place, Indonésie en Liberté byNativ agit comme un réceptif local et ne commercialise pas de billets d’avion, que les voyageurs doivent réserver séparément.
Les professionnels du tourisme encouragent des séjours plus longs et mieux répartis dans l’année, afin de limiter la pression sur Bali en haute saison et de développer d’autres régions. À l’échelle régionale, la montée en puissance de l’Indonésie intervient dans un contexte de reprise générale du tourisme en Asie du Sud‑Est, avec une concurrence accrue des pays voisins pour attirer les flux internationaux. Dans ce paysage, le ministère indonésien du Tourisme cherche à consolider la fréquentation dans les années à venir, en misant sur la diversification des destinations, l’amélioration des services numériques d’entrée sur le territoire et la promotion de vacances axées sur la nature et le patrimoine.

@J-P.Babu/DR
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