L’aéroport de La Réunion-Roland Garros mettra en place dans les prochaines semaines un lit d’arrêt à l’extrémité de la piste longue, côté Sainte-Marie. Il deviendra le premier aéroport français à se doter d’un tel dispositif de sécurité, destiné à immobiliser les avions en cas de sortie de piste. Cette réalisation s’inscrit dans le cadre plus global de la création des RESA (Runway End Safety Areas), aires de sécurité en extrémité de piste, imposée par la nouvelle réglementation européenne afi de limiter les risques de sortie de piste des avions au décollage ou à l’atterrissage. Les aires de sécurité aux extrémités de la piste dite « courte » sont d’ores et déjà opérationnelles, tout comme celle située au bout de la piste longue, côté rivière des Pluies. Les travaux se poursuivent à l’autre extrémité, côté port de Sainte-Marie. La création de cette quatrième aire de sécurité a nécessité l’édifi tion d’un mur de soutènement et l’apport de 8 000 m3 de remblais afi de créer la plate-forme qui supportera le lit d’arrêt. La mise en place d’un tel équipement permet de respecter la réglementation aéronautique tout en préservant l’activité du port de Sainte-Marie, grâce à un empiètement limité. Un dispositif d’arrêt d’urgence Bien qu’aucun incident de ce type ne se soit jamais produit à l’aéroport Roland Garros, des dépassements de seuil de piste par un avion sont régulièrement enregistrés dans l’aviation commerciale, à travers le monde. Ils surviennent en cas d’atterrissage manqué ou de décollage interrompu et ont des conséquences humaines et matérielles plus ou moins graves. Les aires de sécurité de bout de piste réduisent ces risques mais tous les aéroports ne disposent pas de l’espace nécessaire pour les mettre en place. Le principe du lit d’arrêt ou EMAS (Engineered Material Arresting System) a été imaginé pour répondre à cette problématique. L’équipement vise à stopper un aéronef sur une distance limitée mais de manière non brutale, pour limiter, d’une part, le risque de blessures des passagers et des membres d’équipages, ainsi que les dégâts structurels sur l’appareil, et d’autre part les impacts sur l’exploitation. Un système adapté aux avions de ligne a été mis au point dans les années 1990. Il se présentait sous la forme d’un lit accueillant des blocs de béton cellulaire très friable, positionné en bout de piste. En cas de dépassement du seuil de piste, les roues du train d’atterrissage viennent s’enfoncer dans le matériau qui s’écrase sous leur poids et absorbe l’énergie cinétique de l’avion. Le premier EMAS a été mis en place en 1996 à l’aéroport JFK de New York. 70 aéroports en sont aujourd’hui dotés à travers le monde. La technologie Runway Safe En 2016, l’Aéroport de La Réunion Roland Garros a été autorisé par l’Aviation Civile à installer un EMAS sur le seuil 30 de la piste longue, de manière à limiter l’impact de la création de l’aire de sécurité sur le port de Sainte-Marie. La présence du lit d’arrêt permet en effet de réduire la longueur de la RESA et d’empiéter de quelques mètres seulement sur l’emprise du port, sans réduire les capacités du bassin. Les deux principaux fabricants internationaux de lits d’arrêts se sont portés candidats. Au terme d’un dialogue compétitif de plusieurs mois avec les deux entreprises, Runway Safe a été retenu. La technologie développée par cette société suédoise repose sur le même principe d’absorption de l’énergie d’un avion, par un matériau friable s’écrasant sous les roues d’un train d’atterrissage. En lieu et place du béton cellulaire, Runway Safe met en œuvre des granulats de mousse de verre recyclé, matériau très utilisé en isolation thermique et acoustique dans les pays scandinaves. L’entreprise a développé son modèle d’EMAS en collaboration avec la Federal Aviation Administration (FAA) américaine et a mis en place un premier lit d’arrêt à l’aéroport de Chicago Midway en 2014. Trois autres ont suivi en 2015 et en 2016. L’aéroport de Zürich a été le deuxième aéroport à opter pour la technologie Runway Safe. En 2017, l’aéroport de La Réunion Roland Garros sera le premier aéroport français (et de l’Union européenne) à s’en doter. 12 nuitées de travaux Runway Safe a confi à son partenaire local SBTPC, filiale de VINCI Construction, la construction du lit d’arrêt sur le seuil 30. Long de 71 mètres et large de 50, l’EMAS aura une épaisseur variable, allant de 7 cm au point d’impact potentiel avec un train d’atterrissage, à 47 cm à l’autre extrémité. 1 500 m3 de granulats en mousse de verre seront mis en œuvre. Le matériau reposera sur un support en enrobé, une géogrille et un profi métallique formant des rangs de 70 cm de large sur toute la longueur de l’EMAS. Un coulis de béton de 5 cm d’épaisseur viendra ensuite recouvrir la totalité de la surface du lit d’arrêt, afi de maintenir les granulats en place. Le béton utilisé, très friable, est également conçu pour s’écraser sous le poids d’un avion. Avant le démarrage des travaux, prévu le 27 novembre, SBTPC réalisera un prototype en modèle réduit sur son installation de chantier, sous la supervision de représentants de Runway Safe.