Quatre heures d’échanges entre le Président de la République et les membres de la Convention citoyenne sur le climat n’ont pas apporté de nouveauté dans le domaine du transport aérien. Mais la suppression des lignes intérieures quand une alternative ferroviaire en moins de 2h30 est possible ne devrait pas affecter l’aéroport de Paris-CDG, tandis qu’à Orly les correspondances vers les outre-mer seraient protégées.

Emmanuel Macron l’a rappelé le 14 décembre 2020 au Conseil économique, social et environnemental (CESE), lors d’un dialogue avec 132 des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat suite à la présentation d’un projet de loi Climat où ils ne retrouvent qu’une partie de leurs 146 propositions : la suppression des liaisons aériennes quand il est possible de faire le trajet en train en moins de 2h30 est bien retenue, même si elle est amoindrie par rapport aux 4 heures initialement demandés. « Nous serons les premiers à le faire », a rappelé le Président, même si la légalité de la procédure n’a pas encore été confirmée par l’Europe.

Mais il a aussi insisté sur le fait que « les choix pris pour l’écologie doivent être acceptables pour les Français. La Convention citoyenne pour le climat est née parce que la taxe carbone n’avait pas été acceptée ». La transition écologique doit être « juste, il faut qu’on arrive au maximum à embarquer des gens. Sans passer donc forcément par une démarche d’interdits », estime Emmanuel Macron. Quant à l’éco-redevance, il y est « favorable mais elle ne peut exister qu’au niveau européen », a-t-il rappelé. Le principe avait été rejeté à l’unanimité par les acteurs français du transport aérien, par l’IATA mais aussi par des parlementaires évoquant une « aberration » en ces temps de crise sanitaire.

L’incompréhension entre l’écologie et le transport aérien a été résumée (involontairement ?) par une des citoyennes présentes hier : « pour moi, l’avion est un problème de riches ». Ce qu’apprécieront en particulier toutes les familles partagées entre la métropole et les départements et territoires d’outre-mer. La suppression des lignes intérieures, par exemple entre Paris et les aéroports de Bordeaux, Lyon, Nantes ou Rennes, par Air France au titre des conditions à son aide publique de 7 milliards d’euros (elles ne seront pas reprises par ses concurrentes en particulier low cost) est dans la réalité à relativiser, au nom des correspondances justement. En particulier à l’aéroport d’Orly d’où décollent la majorité des vols vers les outre-mer – en particulier ceux d’Air Caraïbes, Corsair et French bee), et où seraient conservés un certain nombre de vols depuis les régions. Le réseau AF à Charles de Gaulle serait en général épargné par la mesure, pour les mêmes raisons de correspondance.

Le projet de loi Climat devrait être présenté fin janvier. On saura alors quelles demandes de la Convention seront reprises, reportées – voire carrément jetées aux oubliettes. En attendant, les Français peuvent de nouveau voler librement depuis ce mardi matin, le billet d’avion servant de justificatif pour se déplacer durant le couvre-feu vers ou depuis l’aéroport. 

Convention citoyenne sur le climat : le réseau domestique pas si affecté? 1 Air Journal

@ADP