Le directeur du National Transportation Safety Board (NTSB) a critiqué la Federal Aviation Administration (FAA) pour ne pas avoir pris ses responsabilités dans la collision mortelle entre un hélicoptère Black Hawk et un avion de ligne près de l’aéroport national Reagan de Washington en janvier.
Lors d’une audience publique mercredi qui doit se poursuivre encore deux jours, le NSTB, l’équivalent américain du BEA en France, a dévoilé les résultats de son enquête en cours concernant le grave accident aérien du 29 janvier 2025, qui a coûté la vie à 67 personnes (les occupants des deux appareils) lors d’une collision en vol au-dessus du fleuve Potomac, près de l’aéroport Ronald Reagan de Washington D.C. Ce jour-là, un avion régional Bombardier CRJ700, opérant le vol American Airlines 5342, et un hélicoptère militaire Sikorsky UH-60 Black Hawk de l’armée américaine sont entrés en collision alors que l’appareil commercial était en approche finale et l’hélicoptère en vol d’entraînement. Il s’agit du premier accident majeur d’avion commercial du pays depuis 2009.
La présidente du NTSB, Jennifer Homendy, a affirmé que certains employés de la tour de contrôle de la FAA savaient qu’il y avait un problème avec les hélicoptères de l’armée américaine volant à proximité d’avions de ligne près de l’aéroport, mais les alertes ont été ignorées.
« Tous les signes étaient là, il y avait un risque pour la sécurité, et la tour de contrôle nous le signalait », a déclaré Homendy à propos des contrôleurs aériens de l’aéroport national Reagan (DCA) à l’époque. « Pourtant, vous savez ce qu’a fait la FAA ? Après l’accident, vous avez muté le responsable du trafic aérien et deux directeurs généraux adjoints », a poursuivi Homendy lors de l’audience publique. « Vous avez muté des gens au lieu d’assumer le fait que tout le monde à la tour de contrôle de la FAA disait qu’il y avait un problème. »
Plus de 15 000 événements de quasi-collision ont été enregistrés entre octobre 2021 et décembre 2024, certains décrivant des scénarios très similaires au drame de janvier.
L’enquête a également révélé que l’équipage de l’hélicoptère ne connaissait probablement pas précisément son altitude ni la distance exacte par rapport à l’avion en raison d’un altimètre défectueux, présentant une marge d’erreur d’environ 200 pieds. Une série de tests avait montré que l’altitude barométrique des Black Hawk était souvent sous-évaluée de 100 pieds, ce qui exposait les hélicoptères à des risques majeurs dans un espace aérien particulièrement étroit. À 15 secondes de la collision, un contrôleur a demandé à l’hélicoptère s’il avait l’avion en vue, et trois secondes plus tard, a ordonné à l’appareil de passer derrière l’avion. Cependant, un conflit sur la radio a empêché l’équipage d’entendre cette instruction cruciale.
Plus précisément, les enregistrements ont révélé des lectures erronées de l’altitude de pression, ce qui alimente les altimètres du cockpit. Ces données incorrectes ont probablement empêché les pilotes de connaître leur altitude réelle, et donc leur position précise par rapport à l’avion de ligne avec lequel ils ont percuté. Une discordance a aussi été signalée entre les lectures d’altitude données par les pilotes eux-mêmes, suggérant des dysfonctionnements des instruments à bord.
Si l’affaire était connue par la FAA, ses responsables ont évoqué à l’audience des freins bureaucratiques pour expliquer la lenteur des actions correctives. Homendy a dénoncé ce prétexte, pointant un processus à 21 étapes pour un changement de politique alors que la vie de dizaines de personnes était en jeu. Après l’accident, la FAA a préféré transférer plusieurs employés de la tour plutôt que reconnaître les dysfonctionnements et assumer ses responsabilités.
L’enquête approfondie a aussi souligné que le pilote de l’hélicoptère, le commandant de bord Rebecca Lobach, avait rencontré des difficultés lors des évaluations précédentes avec des lunettes de vision nocturne, mais avait finalement été réentraînée et jugée apte. Cependant, la présidente du NTSB indique qu’il est possible qu’aucune erreur de pilotage ne soit à l’origine de l’accident, soulignant l’importance d’analyser l’ensemble des facteurs techniques et humains.
Le secrétaire aux Transports, Sean Duffy, a rappelé que le NTSB avait recommandé depuis près de vingt ans que la FAA impose le système ADS-B (Automatic Dependent Surveillance–Broadcast) à tous les aéronefs pour améliorer la sécurité. Ce système transmet la position des appareils aux autres avions et aux contrôleurs, mais certaines exemptions, notamment pour les militaires, subsistent pour des raisons de sécurité. Ces exemptions sont aujourd’hui vivement remises en question.
Le 29 juillet, à la veille des audiences, le sénateur républicain Ted Cruz a présenté une proposition de loi baptisée « The Rotor Act », visant à rendre obligatoire la transmission ADS-B pour tous les aéronefs, y compris militaires.
Enfin, le NTSB a également pointé le manque d’urgence de l’armée à résoudre les dysfonctionnements liés aux altimètres des Black Hawks. L’armée a indiqué qu’elle informerait ses aviateurs de ces problèmes d’ici la mi-septembre.
Les audiences se prolongent encore deux jours. Le lien vers l’audience en direct ici.
La vidéo présentée par le NTSB pour expliquer la collision :

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