Plus de 3 000 employés d’Airbus au Royaume-Uni, principalement des ingénieurs et techniciens spécialisés, se préparent à débrayer pendant dix jours en septembre.
Le syndicat Unite a annoncé une série de grèves de 48 heures à partir du 2 septembre, touchant les sites stratégiques de Broughton (Pays de Galles du Nord) et de Filton, près de Bristol. Ces usines jouent un rôle central dans la conception et la fabrication des ailes destinées aux avions commerciaux de la gamme Airbus, notamment les A320, A330 et A350.
Le syndicat représente plus de 3 000 monteurs et ingénieurs aéronautiques de l’entreprise, qui emploient 8 500 personnes sur les deux sites. Unite a déclaré que les grèves perturberaient la production d’ailes pour les avions commerciaux ainsi que militaires clés d’Airbus et retarderaient les livraisons. Le conflit tourne autour des conditions salariales. Selon Unite, près de 90% des adhérents consultés se sont prononcés pour l’action syndicale. Le mouvement pourrait ralentir, voire interrompre temporairement, la production, ce qui fragiliserait la chaîne d’approvisionnement et retarderait des livraisons déjà sous tension depuis la reprise du trafic aérien post-Covid.
Airbus affirme toutefois avoir présenté une offre jugée « compétitive et équitable », rappelant que ses employés au Royaume-Uni avaient bénéficié d’une augmentation cumulative de plus de 20% au cours des trois dernières années, assortie d’une prime exceptionnelle de 2 644 £ (3 120 euros) en avril dernier. « Notre priorité est de parvenir à une solution qui garantisse la compétitivité et la pérennité de notre présence industrielle au Royaume-Uni », a déclaré Sue Partridge, directrice d’Airbus UK pour l’aviation commerciale.
Le syndicat considère cette proposition insuffisante au regard de l’inflation, qui a atteint 3,8% en juillet 2025 au Royaume-Uni, alimentée notamment par la hausse du coût des denrées alimentaires et des transports. « Airbus génère des milliards de profits. Nos membres réclament une rémunération juste, pas des privilèges », a insisté Sharon Graham, secrétaire générale de Unite. Le syndicat met en avant la valeur des compétences hautement spécialisées de ses adhérents, qu’il estime indispensables pour maintenir les cadences de production souhaitées par l’avionneur.
Ces tensions interviennent dans un contexte industriel stratégique. Airbus, premier constructeur aéronautique mondial devant Boeing, prévoit de livrer 820 avions en 2025, malgré les difficultés persistantes dans sa chaîne logistique (notamment sur certaines pièces de moteurs et de cabines). Les sites britanniques sont au cœur de cette ambition : celui de Broughton est considéré comme un “centre mondial d’excellence” pour la fabrication des ailes depuis plus de 50 ans, tandis que Filton regroupe la plus forte concentration d’ingénieurs en aéronautique de l’Europe du Nord.

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