Hindustan Aeronautics Limited (HAL) et le constructeur russe United Aircraft Corporation (UAC) ont signé le 27 octobre à Moscou un mémorandum d’accord historique conférant à l’Inde le droit de produire, pour la première fois, un avion de ligne sur son sol.
Cette coopération porte sur le biréacteur régional SJ-100, jusque-là majoritairement exploité par des compagnies russes, et ambitionne de transformer le paysage de l’aviation civile indienne, longtemps dominé par Airbus et Boeing. Ce protocole entérine la relance d’une production nationale complète d’avions civils, absente depuis la fabrication du Hawker Siddeley HS-748 par HAL dans les années 1960-1980. Ce nouvel ancrage industriel répond à la croissance spectaculaire du secteur aérien indien, qui prévoit désormais la nécessité de plus de 200 jets régionaux à l’horizon 2035, sans compter la desserte de marchés touristiques frontaliers de l’océan Indien estimée à plus de 350 appareils supplémentaires.
Un avion dédié à la connectivité régionale
Le SJ-100, capable d’embarquer entre 87 et 108 passagers selon les aménagements, se distingue par sa capacité à opérer dans toutes les zones climatiques extrêmes et par ses faibles coûts d’exploitation. Il positionne HAL comme un acteur clé dans le déploiement du programme gouvernemental UDAN, dont l’objectif est la démocratisation de l’aviation vers les villes secondaires et tertiaires du pays. « Le SJ-100 sera un élément moteur pour la connectivité régionale et marquera une étape majeure sur la voie de l’autonomie industrielle (‘Aatmanirbhar Bharat’) de l’Inde dans l’aéronautique », a déclaré le ministre indien de la Défense Rajnath Singh.
Le SJ-100 est une version modernisée du Superjet 100, initialement lancé avec une forte dépendance aux industriels occidentaux. Avant 2022, le programme reposait notamment sur le moteur franco-russe SaM146, développé par Safran et NPO Saturn. Mais la guerre en Ukraine et les sanctions européennes ont contraint Moscou à accélérer le développement du nouveau moteur national PD-8, qui devrait équiper les versions de série du SJ-100. La certification du moteur PD-8 du Superjet devrait avoir lieu à l’automne 2025, une étape cruciale pour garantir le fonctionnement sûr et efficace du nouvel avion. Les livraisons du Superjet 100 de fabrication entièrement russe ont déjà été annoncées pour se réaliser en 2026.
Le Superjet 100 a totalisé 385 commandes depuis ses débuts en 2005 et il reste encore à l’avionneur russe plus de 200 livraisons à ce jour à effectuer. Si le record de livraisons annuelles est monté jusqu’à 28 exemplaires (27 en 2021), la production s’est tarie quand la Russie a envahi l’Ukraine et que les sanctions internationales envers la Russie sont tombées. UAC n’a réussi à n’en livrer que sept en 2022, un en 2023 et zéro depuis.
Un partenariat sous sanctions internationales
Ce rapprochement industriel s’inscrit toutefois dans un contexte géopolitique complexe : UAC figure actuellement sur les listes de sanctions américaines, européennes et britanniques, conséquence du soutien russe à son industrie de défense depuis le début du conflit en Ukraine. L’Inde, en maintenant ses liens économiques avec Moscou—en particulier dans l’énergie et désormais l’aviation—affiche sa volonté d’indépendance stratégique, malgré les incitations et pressions occidentales pour rejoindre les sanctions. Ce dialogue permanent avec la Russie, au-delà des critiques américaines, traduit l’importance cruciale de la coopération bilatérale pour la sécurité, l’énergie, mais aussi la montée en puissance technologique du pays.
Un marché régional à conquérir
Pour HAL, la production du SJ-100 représente un défi technique et industriel majeur. Le groupement vise à démontrer la capacité de l’Inde à maîtriser l’intégralité de la chaîne de valeur aéronautique civile, alors même que le dernier essai significatif remonte à plusieurs décennies. L’engouement pour le SJ-100 devra se concrétiser par des commandes effectives sur un marché où la fiabilité et la performance restent les critères majeurs et alors que l’appareil a connu un parcours opérationnel mitigé hors de Russie. De fait, le partenariat créera aussi de multiples emplois directs et indirects sur le territoire indien et pourrait stimuler le secteur privé national.
« La fabrication du SJ-100 en Inde marque le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de l’industrie aéronautique nationale », souligne HAL dans son communiqué officiel, insistant sur « la confiance mutuelle » liant l’Inde à la Russie. Le ministre Rajnath Singh a également salué l’opération comme un « game changer pour la connectivité domestique » et un « symbole du nouveau cap vers l’autosuffisance industrielle ».

JEJE a commenté :
29 octobre 2025 - 11 h 34 min
Va pas être content le décoloré !!!!!!!
Jean Neymar a commenté :
29 octobre 2025 - 13 h 42 min
Airbus et bing bing tremblent
Caravelle a commenté :
29 octobre 2025 - 15 h 54 min
Et oui, tous les grands pays aspirent à l’indépendance industrielle dans bien des domaines, ici celui de l’aéronautique.
L’Inde est un partenaire crucial des occidentaux dans cette région pour faire contrepoids à la Chine.
Si nos politocards néocolonialistes vont trop loin dans leur idées d’imposer l’application de leurs sanctions, l’Inde sera tentée de régler ses différents avec la Chine et d’envoyer paître le yankee.
Narendra Modi n’est pas Ursula.
Donc wait and see.
jpc a commenté :
30 octobre 2025 - 11 h 47 min
Erreur Caravelle : La france n’aspire aucunement à la moindre indépendance industrielle _ voir le nombre de pepites industrielles que notre pays a perdues en 15 ans, notamment grace à notre Mozart de la finance sous ses déguisements de banquier d’affaire, de chef de cabinet puis de ministre de Flanby puis comme president .. il n’a eu de cesse que de tout brader. (il est vrai qu’en france on deteste l’argent, tout en en gaspillant toujours plus)
Sam a commenté :
29 octobre 2025 - 16 h 02 min
Il y en a un qui entube l’autre mais je n’arrive pas à savoir lequel…. A suivre….
Anna Stazzi a commenté :
29 octobre 2025 - 21 h 25 min
Connaissant bien les deux pays, l’Inde entube la Russie.
Garanti.
Ils vont piquer ce qu’il y a à rafler aux Russes, acheter un ou deux coucous pour les flatter et les faire voler sur des lignes microscopiques puis les ranger dans un hangar en disant que les zincs ne supportent pas la chaleur du climat local ou un truc comme ça.
À mon avis, ils ne gaspilleront même pas la valeur d’un zinc.
C’est de l’occase retapée, qui n’a jamais assuré.
Un produit venant de chez les Blancs doit être plus que parfait pour accéder au marché Indien.
Ce n’est vraiment pas le cas ici.
C’est un accord politique sans crédibilité ni avenir.
@Caravelle: les Indiens n’ont rien à faire des Blancs d’où qu’ils soient, auxquels ils vouent un sincère et très profond mépris.
Mother India First, et rien d’autre.
Ah Bon ? a commenté :
29 octobre 2025 - 17 h 11 min
La Russie peut bien faire produire ses appareils ou elle veut, si les moteurs “100% russes” ne sortent pas, et que l’appareil reste de conception soviétique, cela ne changera pas grand chose …
Mais bon on se rassure comme on peut à PutinLand.
pouet a commenté :
29 octobre 2025 - 19 h 39 min
un pays qui navigue entre les gouttes et qui participe à un projet Russe permetra à cet appareil d’obtenir une certification internationnale et personne ne s’y opposera. L’Inde est un pays qui compte.
Greg6 a commenté :
30 octobre 2025 - 11 h 37 min
Justement, je verrai bien dans cette opération un possible retour des fournisseurs occidentaux sur l’appareil.
L’Inde n’est pas sous embargo, donc rien n’empêche que leur version de l’appareil, fabriquée/assemblée sur place, soit équipée d’une avionique et de moteurs occidentaux.
Leurs chasseurs d’origine russe Su-30 par exemple sont assemblés en Inde, et ils sont équipés de systèmes français : centrale inertielle, hud et écrans cockpit entre autres. Ainsi que de systèmes israéliens.
Donc à voir s’ils peuvent contourner les sanctions et offrir un avenir à l’appareil…
Jean a commenté :
30 octobre 2025 - 18 h 56 min
Le SSJ-100 avait été développé à l’origine avec des composants venus de divers fournisseurs aéronautiques. Et les italiens avaient signé un accord pour la promo, la vente et le support auprès des clients “occidentaux”. L’avion était même certifié EASA. Un bon avion mais comme toujours, les russes ont tout gâché. Les pièces détachées brillaient par leur absence et les compagnies qui avaient misé sur cet appareil ont dû renoncer à l’exploiter. Tout ceci bien sûr avant 2014 et l’annexion de la Crimée.
Les italiens ont jeté l’éponge et les russes ont annoncé un nouveau partenariat avec les émirats qui désiraient développer leur industrie aéronautique. A part de belles déclarations et des poignées de mains de circonstance, rien de concret n’en est jamais sorti.
A présent ce sont les indiens qui entrent en scène, sur fond de guerre en Ukraine avec une économie russe ruinée et mobilisée sur une production militaire et un régime de sanctions qui complique très fort les choses.
Même en étant optimiste, on a du mal à y croire.