L’aéroport d’Amsterdam Schiphol lance un appel d’offres pour réduire de six à trois le nombre de prestataires d’assistance au sol, avec l’objectif affiché d’améliorer la qualité opérationnelle, de mieux coordonner les opérations “piste–soutes” et de renforcer les conditions de travail des équipes au sol d’ici 2027.
Ce nouveau dispositif, encadré par une concession de sept ans, s’inscrit dans l’évolution réglementaire européenne et néerlandaise visant à limiter le nombre d’assistants au sol tout en sécurisant l’emploi et les acquis sociaux sur la plateforme d’Amsterdam-Schiphol.
Le 4 décembre 2025, Schiphol a publié son appel d’offres pour sélectionner trois sociétés d’assistance chargées des bagages et des opérations au pied de l’avion (chargement et déchargement, calage, mise en place des groupes électrogènes au sol, etc.). Aujourd’hui, six prestataires se partagent ces activités ; la réduction à trois doit permettre un pilotage plus fin de la qualité de service et des interfaces avec les compagnies aériennes, dans un contexte de trafic soutenu et de forte sensibilité aux retards.
Pour l’aéroport, l’externalisation encadrée de l’assistance au sol permet de choisir « intentionnellement » ses partenaires, de formaliser les obligations via des concessions et de structurer davantage la coopération opérationnelle. Schiphol souligne que les agents de piste et de soute sont essentiels à la ponctualité des vols et à la sécurité des opérations, et que leur activité doit être reconnue par des conditions de travail plus attractives et durables.
D’un marché ouvert à un modèle sous concession
Le marché de l’assistance à Schiphol était jusqu’ici largement ouvert, avec une forte pression concurrentielle et une marge de manœuvre limitée de l’aéroport sur les standards de qualité applicables aux handlers. En mai 2024, le ministère néerlandais de l’Infrastructure et de la Gestion de l’eau a décidé, sur la base de la directive européenne 96/67/CE, de plafonner à trois le nombre de prestataires pour l’assistance en piste et la manutention des bagages, en imposant une procédure d’appel d’offres pour l’attribution des concessions.
Cette nouvelle phase intervient après la mise en place, en 2023, d’une convention collective sectorielle pour les personnels d’assistance passagers et bagages, négociée entre l’association patronale WPBL et le syndicat FNV, avec le soutien de Schiphol. L’appel d’offres s’appuie sur ce socle social pour aller plus loin dans l’encadrement des conditions d’emploi, tout en répondant aux attentes européennes en matière de transparence, de non-discrimination et de contrôle de la qualité de la prestation.
Qualité de service, équipements mutualisés et impact passagers
La réduction du nombre de prestataires doit ouvrir la voie à une organisation plus « intelligente » de la piste, avec une utilisation mutualisée des équipements d’assistance (tracteurs bagages, GPU, convoyeurs, escaliers, etc.) afin de libérer de l’espace sur l’aire de trafic et de réduire les doublons de flotte de matériels. Schiphol évoque également un objectif de durabilité : une meilleure planification et un parc mutualisé doivent limiter le recours à des engins supplémentaires et permettre de verdir progressivement les GSE (transition vers l’électrique, réduction des émissions locales).
Pour les voyageurs, l’aéroport promet un effet concret sur la qualité de service, en particulier sur la réduction des temps d’attente bagages à l’arrivée et la diminution des incidents de manutention. Les critères d’attribution intègrent explicitement les standards opérationnels, la fiabilité des processus bagages, la sécurité au sol, la coopération avec les compagnies et les engagements en matière de conditions de travail et de formation des équipes.
Schiphol insiste sur le fait que « le cœur de ce processus, ce sont les employés » et reconnaît qu’une procédure d’appel d’offres peut générer une période d’incertitude pour les équipes opérationnelles. « Un appel d’offres peut être une période délicate pour elles, c’est pourquoi nous faisons tout notre possible pour que ce processus se déroule de manière fluide et transparente », déclare Patricia Vitalis, Chief Operations Officer de Schiphol
Les contrats de concession auront une durée de sept ans, offrant une visibilité de long terme aux manutentionnaires retenus et aux compagnies aériennes qui s’appuieront sur eux. Schiphol présente cette stabilité contractuelle comme un levier pour garantir la continuité des opérations, attirer et fidéliser la main-d’œuvre au sol, et maintenir sa position de hub européen majeur face à la concurrence d’autres plateformes qui ont déjà rationalisé leur marché de l’assistance.
Schiphol a été particulièrement sous les projecteurs après les perturbations et pénuries de personnel observées à la sortie de la pandémie, ce qui a accéléré les discussions sur la qualité, la sécurité et l’attractivité des métiers de piste. En septembre dernier, KLM a annoncé l’annulation d’environ 100 vols mercredi 17 septembre en raison d’une grève de son personnel au sol à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, suite à un conflit sur une convention collective récemment conclue par KLM avec trois autres organisations syndicales.

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