En pleine procédure de faillite, Spirit Airlines chercherait à fusionner avec Frontier Group Holdings, selon des informations rapportées par Bloomberg et confirmées par plusieurs sources proches du dossier.
Les discussions, encore confidentielles, pourraient aboutir à une annonce d’ici la fin du mois de décembre, à moins qu’elles ne s’interrompent faute d’accord définitif. Cette éventuelle opération interviendrait moins de quatre mois après la deuxième mise en faillite (Chapitre 11) de Spirit depuis un an – une situation exceptionnelle pour un grand transporteur américain. Elle illustre la crise profonde que traversent les compagnies ultra low cost aux États-Unis, étouffées par la hausse des coûts opérationnels et une concurrence accrue des majors comme Delta, United ou American Airlines.
Une consolidation longtemps envisagée
Frontier et Spirit n’en sont pas à leur première tentative d’un rapprochement. Les deux compagnies avaient déjà envisagé une fusion en 2022, avant que JetBlue ne vienne court-circuiter l’opération avec une contre-offre valorisée à 3,8 milliards de dollars. Ce rachat (de JetBlue) avait finalement été bloqué par la justice américaine en 2024 pour des raisons antitrust, ouvrant une période de grande fragilité pour la stratégie de Spirit. Fin janvier 2025, Spirit Airlines avait déjà rejeté une offre de fusion similaire du groupe Frontier, déclarant que la proposition comportait encore « de nombreuses lacunes ».
« Cela fait plusieurs années que nous pensons qu’un rapprochement entre Spirit et Frontier a tout son sens sur le plan économique », avait alors déclaré le président de Frontier, William Franke, considérant qu’une fusion permettrait « de renforcer la compétitivité du modèle ultra low cost » face aux grands groupes.
Restructuration difficile et licenciements massifs chez Spirit
Basée en Floride, Spirit Airlines traverse un exercice 2025 chaotique. Après une première faillite en novembre 2024, elle avait réduit sa dette d’environ 1,6 milliard de dollars et essayé de restructurer son modèle économique. Mais l’amélioration n’a pas suivi : en août 2025, elle se plaçait de nouveau sous la protection du Chapitre 11.
La compagnie a supprimé environ 150 postes dans ses fonctions support cet automne, après avoir mis au chômage technique près de 1 800 hôtesses et stewards et 270 pilotes plus tôt dans l’année. Elle emploie aujourd’hui autour de 12 000 personnes, contre plus de 13 000 avant la pandémie.
Selon Bloomberg, Spirit a obtenu une bouffée d’oxygène de 100 millions de dollars auprès de ses créanciers pour poursuivre ses opérations et maintenir une partie de son réseau, majoritairement concentré sur la Floride, les Caraïbes, le Texas et la côte Est des États-Unis.
Comme Frontier, Allegiant Air ou même Southwest, Spirit souffre du retour brutal des coûts de maintenance, de carburant et de personnel. La stagnation de la demande sur les marchés loisirs domestiques, combinée à la domination des grands réseaux d’alliance (United, Delta, American), met en grande difficulté les transporteurs ultra low cost qui ont longtemps séduit les voyageurs avec des tarifs très agressifs mais des services payants jusqu’à la bouteille d’eau à bord. Certaines compagnies comme Southwest Airlines, ont néanmoins entamé une évolution de leur modèle, introduisant des offres plus flexibles et des sièges plus confortables pour élargir leur clientèle. Frontier, récemment secouée par le départ de son PDG Barry Biffle, cherche à relancer sa croissance autour de bases régionales comme Denver ou Orlando.

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