Rien ne va plus entre EADS et Berlin : l’Allemagne a suspendu une avance remboursable de 600 millions d’euros destiné au développement de l’Airbus A350, dont les sites de production prévus dans le pays ne respecteraient pas les accords passés. L’action du gouvernement allemand, révélée par le quotidien Handeslblatt et confirmée le 17 octobre 2012 par le ministre de l’économie, fait suite aux exigences du coordinateur de l’industrie aérospatiale Peter Hintze, qui veut obtenir du constructeur européen le transfert de plus de travail vers Hambourg et Brême entre autres, et un équilibre total entre Français et Allemands au sein de la direction d’Airbus. Des exigences qui selon l’ancien PDG Tom Enders, aujourd’hui à la tête d’EADS, avait failli pousser le constructeur à ne pas demander cette avance en mars dernier, pour éviter justement ce type d’ « interférence » jugée trop politique. Les relations entre les deux hommes sont d’ailleurs réputées telles que toute rencontre serait aujourd’hui impossible. Le ministre allemand a justifié sa position par le non-respect par Airbus d'un accord sur la localisation outre-Rhin de certaines activités de production de l'A350. « L'emplacement des emplois est un sujet important dans la relation avec EADS », a-t-il déclaré. Un argument déjà utilisé lors des discussions sur le projet de fusion entre EADS et BAE Systems, dont l’échec est attribué par de nombreux médias à Berlin – voire Hintze lui-même. Les 600 millions d’euros « refusés » sont la deuxième tranche d’un prêt global de 1,1 milliard d’euros que l’Allemagne devait verser à Airbus, comme l’ont déjà fait Paris et Londres. Selon La Tribune, L'Allemagne détenait 39,4 % de la production d'Airbus en coûts réels l’année dernière (40% en 2009), devant la France (36,9%), la Grande Bretagne (18,8%) et l’Espagne (4,9%). Et représentait 20 205 emplois temps plein sur les 68 810 du groupe.