A la fois pilote et manager Aéroport de Toulouse-Blagnac. Siège d’Airbus le 27 novembre 2012. Corsair International vient de prendre réception de son premier A330-300. Dans le cockpit de l’A330 stationné devant le bâtiment des livraisons d’Airbus, Didier Maraninchi, chef pilote d’A330 chez Corsair International, fait ses dernières vérifications avant ce vol de convoyage qui doit amener le gros porteur flambant neuf vers Paris-Orly.     Vol d’acceptance Les premiers vols test ont déjà été effectués par les pilotes d’essai d’Airbus, qui l’ont remis à Corsair, après avoir vérifié que l’avion correspondait bien à son cahier des charges. Il y a eu ensuite un « vol d’acceptance » par Didier Maraninchi et son collègue. Ces derniers ont piloté pendant 2h45 le mastodonte de 235 tonnes, poids maximal au décollage, pour savoir s’il se comporte bien selon tous les impératifs de sécurité aérienne. Diverses phases de vol ont été tentées notamment des cas de panne afin de vérifier que tous les modes de réversion fonctionnent bien, c’est-à-dire que les circuits de secours se mettent bien en place. A l’issue de ce vol, ils confirment ou non que l’appareil est bien conforme et qu’il pourra être déployé en toute sécurité sur une liaison régulière. Dans le cas présent, il effectuera son début de carrière entre Paris et les Antilles. Une fonction à deux casquettes Il existe deux chefs pilote, chez Corsair, un pour chaque type d’appareil, Boeing 747, ou A330 comme c’est le cas pour Didier.
« Mon rôle est de manager un secteur de la compagnie sur un type d’avions défini, de définir la politique d’utilisation de l’avion, en accord avec ce que préconise le constructeur, mais également ce que demande les autorités de l’aviation et en restant sous sa surveillance. C’est une fonction à deux casquettes, une extrêmement technique, du fait qu’il faut se tenir au fait des spécificités de l’appareil avec beaucoup d’échanges avec la le constructeur et la direction technique, et l’autre avec beaucoup de relationnel, car nous avons des hommes et des femmes pilotes à gérer. »
Il assure la sécurité des vols Chargé de la promotion et de la gestion du personnel navigant technique, c’est-à-dire des pilotes et des commandants de bord, il travaille aussi avec la cellule formation de l’entreprise pour la mise en place de programmes d’entraînement et d’évaluation des pilotes tout au long de l’année. Y compris lorsqu’ils sont amenés à changer de fonction, par exemple lors du passage de co-pilote à celui de commandant de bord.  Il est aussi en charge de la sécurité des vols, une préoccupation constante dans l’aérien.    
    « En tant que chef pilote, on a un travail de rouage central. On fait appel à toutes les particularités, les spécificités, les compétences du reste de l’entreprise pour qu’on progresse en permanence sur le sujet. »
« C’était une époque plutôt faste » Didider Maraninchi, 45 ans aujourd’hui, a eu un parcours classique pour en arriver là. Bac C, maths sup, maths spé, Ecole nationale de l’aviation civile (ENAC) à Toulouse, avant de poursuivre dans une école privée afin de pouvoir commencer à piloter directement sur B737.
« C’était une époque plutôt faste car même avec peu d’heures de vol -j’avais à peine 400 heures de vol à l’époque- on pouvait commencer le métier directement sur B737.»  
De 1989 à 1995, il est co-pilote pour une compagnie charter jusqu’à sa disparition, puis à Air Toulouse, avant de s’engager pour Corsair en 1996, co-pilote pendant trois ans et demi, avant de passer commandant de bord sur Boeing 747. Il devient instructeur puis responsable de formation sur 747, puis responsable formation pour le personnel navigant et personnel au sol … pour finalement accepter « avec enthousiasme » en 2010 ce poste de chef pilote sur A330 où il travaillera à l’arrivée des deux premiers A330-300 de la compagnie (Corsair possède aussi deux A330-200 et trois B747-400).     Une philosophie de pilotage  différente sur un Airbus
« Dans mon cas, où j’ai fait du Boeing pendant vingt ans, passer d’un Boeing 747 à un Airbus A330 s’est fait avec beaucoup d’enthousiasme et de facilité car l’Airbus est un avion extrêmement intéressant, qui apporte des aspects très nouveaux même si sa conception remonte à quelques années. »
En effet, Airbus a mis en place un système « très novateur » avec des commandes de vol électroniques, se traduisant par des ordres donnés par le pilote, mais sous la surveillance des ordinateurs de bord.
« Par exemple, un ordre donné par le pilote sera traité informatiquement et n’attaquera pas simplement la gouverne de vol comme sur un B747. Le comportement de l’avion en devient différent avec une auto-stabilité permanente de l’avion et un domaine de vol protégé. C’est une philosophie différente de celle de Boeing, avec quelque chose en plus de très efficace et de très rassurant pour le pilote.»
  Le métier de pilote est celui de passionnés, que souvent, l’on a choisi tout petit. Didier Maraninchi a eu la chance de pouvoir commencer à voler à quinze ans, explique-t-il.
« Je fais partie des gens qui ont la chance de pouvoir aller travailler dès l’aube avec le sourire aux lèvres »
dit-il en s’excusant d’un poncif commun à beaucoup de pilotes. Et de terminer dans un sourire les yeux levés au ciel :
« Voler est quelque chose d’extraordinaire. »