Malgré l’accord trouvé au début du mois par les états membres de l’OACI, la Commission européenne a décidé de relancer l’idée d’une « taxe carbone » sur les vols traversant l’espace aérien européen. L’Organisation Internationale de l’Aviation Civile avait annoncé le 4 octobre 2013 avoir trouvé un accord pour plafonner les émissions de gaz à effets de serre dans le transport aérien, des « mesures de marché » devant être finalisées en 2016 pour réduire les émissions de CO2 des compagnies aériennes et assurer une croissance neutre du secteur à partir de 2020, au travers notamment de l’utilisation de biocarburants et de mesures technologiques et techniques. Connie Hedegaard, commissaire européenne au Climat, semble penser que tout cela est bien lointain ; elle a donc reposé mercredi sur la table sa proposition de taxer les vols effectués au-dessus de l'espace aérien de l'Espace économique européen (membres de l'UE plus l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège), afin que les compagnies aériennes compensent leurs émissions de CO2. L’OACI et l’IATA, toutes deux opposées à l’ETS (Emission Trading Scheme) européen officiellement au nom d’une préférence pour un accord mondial, ont aussitôt exprimé leur « inquiétude » ou leur « surprise » devant le retour de cette proposition, qui viserait toutes les compagnies quel que soit leur pays d’origine. L’accord de début octobre avait d’ailleurs été salué par la Commission, soulignant que le secteur aéronautique est le premier dans le domaine du transport à « appliquer un tel mécanisme de marché pour l'émission de gaz à effet de serre ». Le commissaire Siim Kallas avait lui-même parlé de « très bonne nouvelle pour la planète ». Mais lors de sa conférence de presse, Mme Hedegaard a rappelé que l'UE « a le droit souverain de réglementer l'aviation dans son propre espace aérien ». Reste à savoir si les états membres et le Parlement européen avaliseront ce projet. Alors que le vieux contient peine à sortir de la crise, le souvenir de l’opposition violente de pays comme la Russie, l’Inde ou la Chine (cette dernière ayant gelé des commandes d’Airbus) et le risque de conflits commerciaux dommageables pour l’emploi devront être soupesés face aux bénéfices de la lutte contre le réchauffement climatique…