La compagnie aérienne française, principale actionnaire d’Alitalia, a vertement critiqué le comportement d’Alitalia lors des réunions cruciales des dernières semaines qui ont abouti à une augmentation de capital de 300 millions d’euros. Le courant ne passe plus entre Alitalia et Air France, principal actionnaire de la compagnie italienne avec 25 % de participation. Dans une lettre de trois pages envoyant une volée de bois verts dont des extraits ont été publiés dans le quotidien local Il Messagiero,, Philippe Calavia, directeur financier d’Air France, reproche le manque d’informations fournies par sa partenaire alors que des réunions d’urgence avaient lieu pour la sortir d’une faillite qui pouvait lui être fatale. « Les propositions (d’Air France n.d.l.r.) pour soutenir Alitalia dans la vente et la gestion des revenus ont toujours été ignorées au cours des dernières années », indiquent entre autres reproches la direction d’Air France qui ajoute qu’il considérait la plan de sauvetage d’Alitalia, présenté en juillet 2013 comme « trop optimiste ». Surtout, elle indique, « en dépit de nos efforts continus pour aider l'entreprise »,  n’avoir reçu aucune information écrite si ce n’est « oralement et de manière sibylline », sur les projets industriels et financiers avant et  après la réunion cruciale du 14 octobre qui a abouti à une injection de 300 millions d’euros dans la capital. Cerise sur le gâteau, certains représentants d'Air France au conseil d'administration d'Alitalia  auraient été avertis de cette fameuse réunion seulement quelques heures avant sa tenue, les empêchant d'y assister. La direction d’Air France ajoute qu’elle reste « un partenaire important » et qu’elle veut « continuer à le faire », mais qu’elle veut « être sûre que toute solution développée le sera dans le long terme », soulignant la nécessité de créer un nouveau projet soutenu par un plan financier réaliste qui « exige la participation de tous les actionnaires, y compris une vaste restructuration de la dette, comme déjà mentionné à plusieurs reprises. » Elle suggère donc de mettre en place une équipe dédiée pour traiter toutes les questions centrales : la gestion des ventes, réseau, flotte, organisation du travail, gestion de la dette. Peut-être aussi en impliquant des conseillers et des experts externes. Cette forme de désaveu d’Air France, en pleine restructuration avec la mise en place en deux phases du plan Transform 2015, devrait l’amener selon des bruits de couloir révélés par Les Echos, à ne pas participer à l’apport d’argent frais voté à hauteur de 300 millions d’euros, et donc de voir diluer sa participation au sein d’Alitalia, qui passerait de 25 % à 11 %. Jusqu’ici, 130 millions d’aide ont été promis. Reste à trouver les 170 millions restants. Les différents actionnaires ont jusqu’au 16 novembre prochain pour en décider ou non.