La compagnie aérienne low cost easyJet comparait devant la justice deux fois en une semaine, pour des affaires de discrimination envers des passagers en fauteuil roulant. La première affaire, qui sera présentée en cour d’appel ce 16 décembre 2013 à Paris, concerne un incident remontant à avril 2010, lors duquel Marie-Patricia Hoarau avait été débarquée d’un vol Paris – Nice de la spécialiste britannique du vol pas cher (après avoir fait le trajet inverse sans problème) pour voyager sans accompagnateur, à la demande de la direction. Le commandant de bord avait pourtant trouvé une « solution » en la personne d’un autre pilote acceptant de faire office d’accompagnateur (elle avait pû prendre le vol suivant grâce à un volontaire jouant ce rôle). Le tribunal correctionnel avait alors infligé une amende de 5000 euros à easyJet, plus la même somme pour la plaignante au titre des dommages et intérêts et 4000 euros à l’APF (Association des Paralysés de France) qui s’était portée partie civile. Le deuxième incident sera examiné jeudi en première instance par le tribunal correctionnel de Bobigny, concernant une habitante de Troyes également en fauteuil roulant qui voulait se rendre aux obsèques de son fils au Portugal. Son embarquement à l’aéroport de Roissy – Charles de Gaulle lui avait été aussi refusé au prétexte qu’elle voyageait seule (elle avait finalement volé sur une autre compagnie). Dans les deux cas, easyJet avance l’argument de la sécurité et la réglementation européenne en vigueur depuis 2006, qui stipule que tout passager incapable de se déplacer par ses propres moyens doit voyager accompagné. Elle met l’accent sur les problèmes d'évacuation rapide en cas de pépin si la personne n'est pas accompagnée (la règle prévoit en effet une évacuation en 90 secondes). Son site internet précise en outre que « si vous avez besoin d’assistance à l’aéroport en raison de handicaps ou pour des conditions médicales, veuillez nous en informer au moins 48 heures avant l’heure de décollage prévue de votre vol. Cela nous permet de vérifier que nous disposerons de l’équipement approprié et des ressources en place pour vous lorsque vous arriverez à l’aéroport. Il est possible que nous ne puissions pas prendre en compte les demandes effectuées moins de 48 heures avant le départ prévu du vol ». Mais la low cost précise tout aussi clairement que « si vous n'avez pas de compagnon de voyage et notre personnel pense que vous en avez besoin, ils feront de leur mieux pour vous en trouver un parmi les autres passagers qui sera prêt à assumer ce rôle en cas d'urgence. Si nous ne pouvons pas trouver de volontaire, il est possible qu'on vous refuse l'embarquement pour des raisons de sécurité ». Son avocat expliquait d’ailleurs en février qu’elle embarquait annuellement « environ 350 000  personnes à mobilité réduite, qui sont accompagnées ou qui sont suffisamment autonomes pour embarquer seules et évacuer l’appareil rapidement en cas de problème ». L'APF de son côté tient à rappeler que la réglementation européenne de 2006 « interdit aux compagnies aériennes et aux voyagistes de refuser une réservation ou un embarquement en raison d’un handicap ou d’un problème de mobilité pour les vols décollant des aéroports de l’Union Européenne (article 3), et impose aux gestionnaires des aéroports une obligation d’assistance pour que les passagers puissent accéder à leur siège (annexe 1 art 8 du règlement), ainsi qu’une assistance pour se rendre aux toilettes sur demande (annexe II art 10 du règlement) ».