Des chercheurs du Laboratoire national de Los Alamos entraînent actuellement des abeilles capables de détecter des bombes. Ils imaginent des applications dans les zones de contrôle des aéroports. Avec 170 récepteurs olfactifs au bout de leurs antennes contre 62 à des moustiques et 79 pour la mouche, l’abeille se classe dans la catégorie des plus fins limiers pour leur odorat exceptionnel. Qui plus est, l’abeille possède des capacités apprenantes hors du commun chez les insectes, capables qu’elle est d’associer l’odeur de quantités de nectars différents aux fleurs correspondantes. Fort de ce constat connu depuis le début des années 80, les laboratoires nationaux de Los Alamos, du Département de l'Énergie des Etats-Unis, ont imaginé d’en faire des agents de la TSA, l’Agence américaine de sécurité dans les transports aux Etats-Unis. Leur projet repose là encore sur deux axes. Ils ont constaté qu’une abeille pouvait détecter un élément du 2,4-dinitrotoluène ou de trinitrotoluène (TNT), des composés explosifs pour une particule par milliard, soit à une sensibilité considérablement plus élevée que celle des chiens plus communément employés sur les aéroports. Dans un autre temps, ils ont observé que ces abeilles tirent la langue quand on touche leur antenne avec un coton imbibée d’une solution sucrée. Ils tentent donc de leur inculquer le bon vieux réflexe pavlovien, en associant la présence d’éléments explosifs dans l’air à une brise de solution sucrée. Au bout de plusieurs cycles et une fois acquis par l’abeille le réflexe de sortir son proboscis (trompe et langue) quand elle détecte une particule explosive, il ne reste plus qu’à en faire de petites brigades dévouées à la TSA. Ils ont donc conçu un rack de 36 abeilles formées avec un détecteur portatif qui aspirerait l’air en permanence le diffusant ensuite pendant 6 secondes sur elle. Toute abeille qui étend sa trompe déclenche un signal à la lecture numérique sur le dessus de l'appareil, de sorte qu'il est possible de voir combien et quelles sont celles qui répondent positivement. L’application est évidente et qui plus est économique pour les aéroports, les abeilles étant bien moins chères à entretenir que les chiens (plus de 80 000 euros par chien la première année, 70 000 euros les années suivantes, selon l'un des chercheurs). Mais qui serait prêt à voir des essaims d'abeilles venir butiner près de millions de passagers affolés, ces derniers en arrivant à déserter ces aéroports ? Pas la TSA, l’Agence de sécurité dans les transports aux Etats-Unis, en tous les cas. Que les apiphobes se rassurent car les chercheurs ont tout prévu ! Au risque de soulever la fronde de ses défenseurs, les butineuses resteraient bien sûr emprisonnées dans leur cage. Les chercheurs dont on ne sait pas s’ils ont carburé au miel durant leurs recherches, avancent d’autres futures applications, notamment la traque des produits stupéfiants comme la cocaïne ou la résine de cannabis aux aéroports.