Les passagers de la compagnie aérienne Lufthansa entrevoient le bout du tunnel, au troisième et dernier jour de grève des pilotes : le PDG table sur le retour à un trafic normal dès samedi. Christoph Franz, PDG de la  compagnie nationale allemande, a annoncé le 3 avril 2014 son objectif « d'offrir à nouveau dès samedi des conditions de vol régulières » chez Lufthansa et sa filiale low cost Germanwings, même si des irrégularités persisteront « pour des raisons opérationnelles ». Les vols long-courriers en Asie devraient même reprendre dès aujourd’hui, pour des arrivées prévues samedi en Europe. La rapidité du retour à la normale est dûe au fait que pendant toute la durée de la grève, les avions et équipages sont restés là où ils devaient opérer plutôt que d’être rapatriés à leur base, précise le communiqué. La compagnie de Star Alliance a aussi détaillé l’impact de la grève sur les voyageurs : sur les 425 000 affectés par l’annulation préventive de quelques 3800 vols, 20 000 ont choisi de prendre le train plutôt que l’avion, 25 000 autres ont changé leur date de voyage en ligne, tandis que les autres étaient replacés sur des vols des autres compagnies du groupe dont les pilotes ne faisaient pas grève (CityLine, Eurowings, Austrian Airlines, Brussels Airlines, Swiss, Air Dolomiti). En revanche les centres d’appel téléphonique ont été submergés, entrainant de longues attentes : de 4 à 5000 appels par jour en moyenne, on est passé à 80 000 à la veille des trois jours de grève, puis 25 000 mercredi. Une conférence de presse en milieu de journée devrait détailler l’impact de la grève sur les opérations, y compris le programme de vols de samedi. Il faudra en revanche attendre encore un peu pour connaître le coût de ces trois jours, déjà estimé à un montant à deux chiffres en millions d’euros. Lufthansa espère une reprise rapide des négociations avec les pilotes, dont le syndicat Vereinigung Cockpit réclame des hausses de salaire de 9,8% sur deux ans et le maintien des départs en préretraite à partir de 55 ans alors que la direction veut imposer 60 ans d’ici 2017. Mais le PDG a aussi appelé à l’instauration d’un service minimum pour le transport aérien dans un entretien avec le quotidien Handelsblatt. Le mouvement des 5400 pilotes a trouvé peu de supporters en Allemagne, alors qu’ils gagnent déjà en moyenne 181 000 euros par an. Le syndicat a rappelé que Lufthansa avait fait un bénéfice net de 313 millions d’euros l’année dernière mais veut encore réduire ses coûts à hauteur de 1,5 milliards « pour augmenter ses profits ». Et il explique que la question de l’âge de départ en retraite anticipée est un problème de sécurité, certains pilotes se sentant capables de voler jusqu’à 65 ans tandis que d’autres voudraient pouvoir arrêter plus tôt sans pour autant perdre leurs droits (à l’heure actuelle, ils touchent après 55 ans 60% de leur salaire brut jusqu’à l’âge légal de la retraite). Lufthansa de son coté réplique que les pilotes représentent 12% du personnel mais 33% des coûts salariaux, et que les autres employés (PNC, personnel au sol) ont accepté dès l’année dernière des gels de salaires, des hausses de productivité et des suppressions de postes.