Le syndicat de pilotes SNPL France ALPA a rompu les ponts avec la direction de la compagnie aérienne Air France, et dénonce chez Aigle Azur une dégradation de leurs conditions de travail. Majoritaire dans la compagnie nationale française, le syndicat a réagi à l’annonce d’un nouveau plan de restructuration qui prendra la suite de Transform 2015, annoncé lors de l’assemblée générale du 20 mai 2014. Dans son communiqué, le SNPL Air France ALPA explique qu’il se fera sans lui, après avoir fait « l'amer constat qu'une relation sociale de qualité et responsable est aujourd’hui impossible ». Le syndicat accuse le PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac de « tenter de nous vendre le rêve de la croissance retrouvée pour peu que nous acceptions un nouveau plan d'économies doublé d'un transfert pur et simple d'activité vers Transavia, aux conditions Transavia », après avoir « demandé à tous les salariés des efforts "égalitaires", après avoir promis de refaire d'Air France-KLM la première compagnie au monde, après avoir révisé ses promesses faites aux marchés sur l’apurement de la dette, après avoir enfoncé l’accord de partage d’activité entre AF et KLM, après avoir laissé l’activité en bases province partir en fumée ». Outre ce refus de participer aux négociations du futur plan de restructuration, le SNPL a selon La Tribune « mis fin à la contractualisation avec la direction » d’Air France, et n’appliquera pas les dernières mesures de Transform 2015, qui s’achève à la fin de l’année. Le fonds du problème serait la répartition des activités du long-courrier entre Air France et KLM, qui selon un accord signé en 2012 garantit à la première 61,2% de l’activité du groupe contre 38,8%. Or selon le président du syndicat Jean-Louis Barber interrogé par le quotidien, « les projections montrent que le croissance long-courrier d'Air France-KLM sera supérieure à Amsterdam (+2 à +3%) qu'à Paris (environ +1%) ; c'est inacceptable. Si on ne respecte pas un accord signé, on prend le risque de casser la paix sociale ». Et il menace d’une grève fortement probable si la direction du groupe n’apporte pas de réponse. Le sujet des bases de province est aussi cause de son courroux : selon M. Barber, la direction « s'apprête à couper le réseau européen au départ de ces bases. Plutôt que de donner ces lignes aux compagnies low-cost, on devrait trouver une solution ». Le journal rappelle toutefois que le durcissement des positions du SNPL était « prévisible » après la perte de son siège au conseil d’administration d’Air France au profit du syndicat SPAF... La grogne est similaire chez les pilotes d’Aigle Azur, qui ont donné 26 jours à la direction pour négocier avant une éventuelle grève. Mais selon le président de la section au SNPL Philippe Benban cité par Tour Mag, les motifs sont différents : les nouveaux accords d’entreprise vont entrainer une dégradation de leurs conditions de travail, en particulier en limitant les temps de repos qui passeraient de 26 à 12 heures après un vol de huit heures. Et le temps de travail passerait de 640 à 800 heures par an pour un salaire similaire (en moyenne 10 000 euros par mois). « Nous ne sommes pas contre une meilleure flexibilité et une hausse de la productivité, mais elles ne doivent pas se faire au détriment de notre santé et donc de la sécurité des passagers », explique M. Benban, selon qui la fin des accords d’entreprise en mars dernier au prétexte « qu'ils ne permettaient pas d'effectuer les vols longs courriers qu'Aigle Azur avait prévu de lancer entre Paris et Pékin en juin 2014 », (ils ont été reportés le mois dernier au premier trimestre 2015).