La compagnie aérienne KLM Royal Dutch Airlines connait une vague de ressentiment envers les pilotes d’Air France, dont la grève a provoqué la démission forcée du PDG Camiel Eurlings. Dans le groupe Air France-KLM, il y a depuis 2004 d’un côté la compagnie nationale française qui devait enfin revenir dans le vert à la fin de l’année, et son homologue néerlandaise qui gagne de l’argent depuis 2009. Selon un expert interrogé par le quotidien De Volksrant, cette dernière a mal pris la grève de quatorze jours menée en septembre par les pilotes d’Air France : leurs « puissants syndicats s’opposent à presque toute mesure d’économie » et « ne songent qu’à maintenir leurs avantages royaux », affirme-t-il pour expliquer le ras-le-bol du personnel et de la direction de KLM, qui croient fermement que la filiale low cost Transavia est la meilleure arme possible pour lutter contre les easyJet et autres Ryanair. Or les pilotes français ont obtenu la disparition du projet Transavia Europe, avec des bases au Portugal et en Allemagne ; un résultat et une grève qui auraient selon l’expert été vécus comme « une trahison et un gaspillage d’argent éhonté ». Rappelons qu’avec 37 Boeing 737-800, la flotte de Transavia Hollande est bien plus importante que celle de sa consœur française (14 avions jusqu’à l’accord préliminaire trouvé la semaine dernière). Ce sentiment s’est traduit dans les faits : le PDG Camiel Eurlings a été contraint à la démission mercredi dernier pour ne pas s’être montré « intransigeant » face aux syndicats français. Son silence sur le sujet avait surpris aux Pays-Bas, tout comme celui après l’accident en juillet du vol MH17 de Malaysia Airlines, abattu au-dessus de l’Ukraine (proposé en partage de codes par KLM). Selon De Volksrant, les cadres de la compagnie néerlandaise lui reprochent en général « un manque de leadership » et une absence générale due à ses activités au sein du mouvement olympique. Des accusations d’autant plus graves que KLM se prépare elle aussi à des négociations serrées avec ses syndicats, alors qu’easyJet lancera au printemps une base à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol et que Ryanair commence à abandonner les petites plateformes régionales au profit de celles des capitales. Et comme Air France, elle souffre sur le long-courrier de la concurrence en particulier des compagnies du Golfe. Le ras-le-bol contre Air France ne risque cependant pas d’avoir de conséquences pour le groupe de l’alliance SkyTeam : l’expert reconnait que KLM vend « trop de billets intercontinentaux » via sa partenaire. En attendant, l’avenir de la compagnie néerlandaise a été confié à Pieter Elbers, travaillant chez KLM depuis 1992 et détenant les postes de vice-CEO et COO (directeur des opérations). Il est aussi membre des conseils d’administration de Transavia Hollande et Kenya Airways.