L’acquisition de la compagnie aérienne Aer Lingus par la low cost Ryanair aurait été le coup de grâce porté à la rivale easyJet, affirme son directeur financier sortant, qui estime d’autre part facilement atteignable l’objectif de transporter 112 millions de passagers par an en 2019. Dans une longue interview accordée au quotidien Irish Independent, Howard Millar – qui quittera son poste en décembre – revient sur les trois tentatives sans succès de la spécialiste irlandaise du vol pas cher de s’emparer du transporteur national Aer Lingus. Lors du premier essai en 2006, « nous pensions que cela tuerait easyJet en nous donnant accès aux grands aéroports », explique-t-il, ajoutant qu’Aer Lingus faisait « beaucoup de bonnes choses » à l’époque alors qu’easyJet était en mauvaise situation financière. Ryanair détient environ 30% du capital d’Aer Lingus, mais devrait être forcé de s’en séparer par les autorités de la concurrence. EasyJet s’est redressée depuis le début des années 2010 (Howard Millar ne tarit pas d’éloges à propos de la PDG Carolyn McCall), et plutôt que d’éliminer la concurrence, Ryanair a décidé de l’imiter. Elle a commencé à transférer ses activités vers les grands aéroports des capitales, et surtout changer son image avec une approche « plus douce, plus câline, plus amicale » dont le dirigeant ne doute pas du succès. Il reconnait d’ailleurs que la direction Ryanair a été « beaucoup trop loin » et a été « trop agressive » dans les règles imposées aux passagers, en particulier sur le taxes bagage et le coût d’impression des cartes d’embarquement. Alors que dans le même temps et sur le même terrain low cost, la rivale britannique voyait son coefficient d’occupation grimper en même temps que ses tarifs moyens. Côté trafic, Ryanair n’aura aucun problème à atteindre ses objectifs de 112 millions de passagers par an en mars 2019 (et 150 en 2024), contre 81 millions l’année dernière. « Facile à atteindre », affirme Howard Millar, avec les 380 avions commandés depuis 2013. La dernière année financière a vu la low cost afficher un profit de 523 millions d’euros pour des revenus supérieurs à 5 milliards d’euros. Et il avoue finalement avoir rêvé de prendre la tête de la low cost (« si Michael O’Leary était devenu président du conseil d’administration » par exemple), avant de s’apercevoir que cela ne sera pas le cas – et de décider que 22 ans chez Ryanair était assez.