Bruxelles va demander au Parlement européen de voter une subvention de 25,9 millions d’euros destinée à aider 3886 anciens employés de la compagnie aérienne Air France à retrouver du travail, via la formation ou le conseil. La Commission européenne a annoncé le 11 novembre 2014 qu’elle présentera au Parlement et au Conseil de l’Europe la requête du gouvernement français, qui a fait appel au Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (FEM) pour venir en aide aux anciens salariés qui ont le plus de difficultés à retrouver du travail suite au plan de restructuration Transform 2015.
La Commission explique que la France a « sollicité l'intervention du FEM à la suite du licenciement de 5 213 travailleurs chez Air France. Ces licenciements résultent d’un déclin rapide de la part de marché de l’Union européenne dans le transport aérien international de passagers entre 2008 et 2013 ». Les mesures cofinancées par le FEM « aideraient les 3 886 travailleurs licenciés qui rencontrent le plus de difficultés à trouver un nouvel emploi, en leur permettant de bénéficier de services de formation professionnelle et de conseil, mais aussi de contributions à la création d’entreprise et de diverses allocations ».
air-journal_equipage_air-franceLe coût total du train de mesures est estimé à 51,8 millions d’euros, dont la moitié serait prise en charge par le FEM. Marianne Thyssen, commissaire européenne pour l'emploi, les affaires sociales, les compétences et la mobilité des travailleurs, a déclaré dans un communiqué : « du fait de la mondialisation, de nombreux secteurs et industries traversent en Europe des mutations structurelles majeures. Le Fonds européen d’ajustement à la mondialisation est l'expression concrète de la solidarité européenne. Il continuera d'aider les États membres à réintégrer sur le marché du travail des personnes qui ont perdu leur emploi et à adapter leurs compétences. Le Fonds nous permet d'accompagner des travailleurs dont la situation est difficile dans la douloureuse transition vers de nouveaux emplois, et mon intention est d'en maximiser les performances au cours des prochaines années ». air-journal_air-france_maintenanceLa Commission précise aussi le contexte qui l’a décidée à prendre cette décision : « sur la période 2008-2012, le trafic aérien mondial a connu une augmentation de 4,6 % par an, qui s’inscrit dans une tendance de croissance à long terme observée depuis 1970. Toutefois, le trafic aérien entre l’Europe et le reste du monde a enregistré une croissance plus lente (2,4 %), qui a donné lieu à une diminution de la part de l’UE-27 dans le marché du transport aérien, mesurée en passagers-kilomètres payants (PKP). La tendance s'est poursuivie en 2013. En 2013, l’Europe a enregistré une hausse de 3,8 % par rapport à 2012, un chiffre inférieur à la moyenne mondiale (5,2 %), et a représenté 38 % du trafic mondial (mesuré en PKP), soit un point de pourcentage de moins qu’en 2012. Le Moyen-Orient reste la région dont la croissance est la plus rapide du monde, atteignant 10,9 % en 2013 et représentant 9 % du trafic mondial ». La période 2008-2012 « a été difficile pour les principales compagnies aériennes européennes, qui ont toutes enregistré des pertes sur au moins deux des cinq années examinées. Confrontée à une dette élevée et à une capitalisation boursière insuffisante (inférieure à la valeur de sa flotte), Air France n’a pas été en mesure de réagir efficacement au recul de sa part de marché dans le secteur du transport aérien international et a dû supprimer plusieurs milliers d'emplois ».
Selon la Commission, les licenciements « sont essentiellement survenus en Île-de-France (surtout à Roissy). Les régions Midi-Pyrénées et PACA sont également touchées, mais dans une moindre mesure. Les licenciements chez Air France aggraveront encore le problème du chômage, qui avait déjà pris de l’ampleur en raison de la crise économique et financière. Entre 2008 et 2013, le taux de chômage a augmenté de 38,7 % en Île-de-France, de 37,8 % en région PACA, de 47 % en région Midi-Pyrénées et de 44,1 % en France métropolitaine. Sur le territoire concerné par les licenciements, près de 40 % des chômeurs ne travaillent plus depuis plus d’un an et on compte sept demandeurs d’emploi pour chaque emploi vacant. En outre, l’Île-de-France est confrontée à d’autres licenciements collectifs en raison de la fermeture définitive en 2014 du site de production de Peugeot Citroën Automobile (PSA) à Aulnay ».
Notons au passage que la Commission a également demandé hier que le FEM intervienne pour les anciens ouvriers de Fiat en Pologne (1,2 millions d’euros) ou ceux des grands magasins Fokas en Grèce (6,4 millions d’euros). Depuis sa création en 2007, le FEM a reçu 130 demandes d’intervention, en faveur de plus de 116 000 travailleurs.