La compagnie aérienne low cost Ryanair n’en est qu’au début de son changement d’image, avec pour objectif pendant les trois prochaines années de lancer une offre gratuite de wifi, des vols transatlantiques, des combinés vol+hôtel – et une nouvelle décoration de la cabine. Dans un long entretien accordé en exclusivité au quotidien irlandais The Independent, le directeur du marketing de la spécialiste irlandaise du vol pas cher a dévoilé l’évolution planifiée d’ici 2018, à commencer par le wifi gratuit. Selon Kenny Jacobs, l’offre sera lancée d’ici 18 à 24 mois à condition de « trouver la bonne technologie ». Prenant l’exemple de GoGo aux Etats-Unis (sol-avion), il reproche à l’offre européenne basée sur les satellites (air-avion) d’être « pas aussi performante en vol » mais aussi « plus chère », notamment à cause du radôme à installer sur le dos du fuselage des Boeing 737-800, qui entrainerait des trainées plus importantes de 0,3 à 0,5% et donc des « millions d’euros en plus sur la facture en carburant ». Le directeur reconnait que des discussions sont engagées, mais qu’il n’y a aucune chance que l’offre soit prête en moins d’un an. Ryanair ne semble donc pas vouloir se presser, à l’instar de sa rivale easyJet dont la PDG Carolyn McCall expliquait la semaine dernière que la demande n’était pas « massive », mais que le service finirait par être proposé une fois les prix plus abordables. Quelques low cost européennes se sont lancées dans l’aventure, dont Vueling (en test) ou Norwegian Air Shuttle (les trois quarts de la flotte sont équipés). Le serpent de mer des vols transatlantiques de Ryanair a fait une réapparition surprise dans l’interview. Alors que ce projet était planifié pour 2019 par le PDG Michael O’Leary en raison du manque d’avions disponibles (il veut une flotte initiale de 15 à 20 avions), Kenny Jacobs a laissé entendre qu’en cas d’annulations de commandes, ce projet pourrait voir le jour sous trois ans, avec un réseau reliant quatre aéroports européens à quatre aux Etats-Unis (contre 8 à 10, et 15 selon MOL en mai dernier). L’activité long-courrier serait toujours gérée par une société séparée (avec une marque du genre XXX par Ryanair), et offrirait l’équivalent d’une classe Premium avec plus de places pour les jambes, sans attendre les coûts d’une classe Affaires. Mais pas question de salons d’aéroports, ni même d’équivalent d’une classe Affaires en Europe, ajoute le dirigeant. Ryanair va aussi se lancer dans l’activité « package holidays », une suite logique à l’accord passé avec Booking.com le mois dernier et qui serait basée sur le modèle de ce que font « Thomas Cook ou Jet2 » : proposer les vols et les hôtels en une seule offre, « et pourquoi pas les transferts vers les aéroports », explique Kenny Jacobs, avec là encore un lancement dans 12 à 18 mois. La décision sur la nouvelle décoration des cabines devrait être finalisée d’ici quelques semaines, a d’autre part confirmé le directeur du marketing de Ryanair qui en avait fait une « priorité » lors de son arrivée dans la compagnie : elles devraient être un peu plus bleues, avec un jaune différent et des images « des destinations, des équipages et des clients » - le tout souriant évidemment. Ce changement « ne sera pas donné mais c’est un bon investissement pour les 89 millions de personnes qui les verront chaque année », estime-t-il. Tous ces changements ne devraient pas avoir d’influence sur le prix du billet, affirme Kenny Jacobs, prévoyant qu’il restera « fondamentalement plat d’une année sur l’autre » (entre 46 et 47 euros en moyenne en 2014, « nettement moins que l’inflation constatée dans le reste de l’industrie »). Les clients « n’ont pas payé pour la nouvelle Ryanair » malgré tous les services ajoutés ces derniers mois, conclut-il – avant d’annoncer qu’un nouvel aéroport « primaire » sera dévoilé ces prochains jours.