La compagnie aérienne Etihad Airways est allée à la rencontre de la Commission européenne pour tenter de la convaincre qu’elle « apporte de nombreux avantages » à l’Europe, qui ne devrait pas céder aux sirènes du protectionnisme. La guéguerre verbale entre la compagnie nationale des Emirats Arabes Unis, Emirates Airlines, Qatar Airways et leurs grandes rivales occidentales, sur les platebandes desquelles elles marchent toujours plus, a connu un nouvel épisode le 15 avril avec la rencontre entre le PDG D’Etihad Airways James Hogan et Violeta Bulc, commissaire en charge des transports à la Commission Européenne. Rencontre qui avait pour but de « mettre en avant les avantages que la compagnie aérienne apporte aux clients européens, souligner la contribution de plusieurs milliards d'euros faite aux économies européennes, et réitérer les risques découlant du protectionnisme », selon le long communiqué de la compagnie. James Hogan a expliqué que l'aviation est « une industrie mondiale et non une économie régionale », et que toute tentative d'entraver l'accès des transporteurs étrangers et de limiter la concurrence serait « non seulement dommageable pour Etihad Airways et ses partenaires européens, mais viendrait également se répercuter dans toute l'industrie du transport aérien, et potentiellement saper la confiance internationale dans l'engagement de l'Europe au commerce international et à l'investissement ». Il a précisé que des recherches menées par Oxford Economics avaient permis de vérifier qu'en 2014, les opérations principales d'Etihad Airways au sein de l'Union Européenne avaient « contribué à un total d'un milliard de dollars au PIB combiné des 28 pays membres de l'UE, et garanti plus de 11 000 emplois ». De plus, en 2014, les dépenses de la compagnie en avions et autres équipements aériens « ont contribué à un total de 2,6 milliard de dollars au PIB des 28 pays membres, soutenant plus de 28 100 emplois ». L'audit a également montré que durant la dernière décennie, les opérations de la compagnie aérienne ont approximativement contribué de 6,1 milliards de dollars au PIB combiné des 28 pays membres de l'UE, tandis que ses investissements de capital en avions et autres équipements avaient dépassé les 11 milliards de dollars US. D'autres bénéfices économiques ont également été calculés sur la base des flux passagers et de fret, résultant d'une meilleure connectivité des vols. En 2014, les bénéfices de la connectivité pour l'Union Européenne ont été estimés à 1,3 milliard de dollars US, contre 5 milliards pour la dernière décennie. air-journal_Etihad A321neoUne fois ces chiffres répétés, le dirigeant d’Etihad Airways précise : « Etihad Airways n'est pas juste une autre compagnie aérienne étrangère volant en Europe pour braconner le trafic local. Nous sommes un partenaire sophistiqué et un investisseur en Europe pour des bénéfices mutuels à long terme, contribuant des milliards d'euros chaque année à l'Union Européenne et aux autres pays non membres, garantissant des milliers d'emplois tout en maintenant et développant plus de choix pour les passagers de et vers l'Europe. Grâce à nos propres vols, nos 21 accords de partage de codes européens et nos prises de participation minoritaires dans cinq compagnies européennes (Aer Lingus, Air Berlin, Air Serbia, Alitalia et Darwin Airlines NDLR), nous amenons une valeur ajoutée pour l'Europe, comme aucune autre compagnie ne le fait. En 2014 seulement nous avons transporté 3,3 millions de passagers vers et depuis l'Europe, connectant 618 000 passagers sur des vols en partage de codes avec nos partenaires européens, et transportant 318 000 de leurs passagers sur nos vols. Et il souligne qu’Etihad Airways opère également « des vols avec une escale depuis l'Europe vers 19 destinations non desservies par une autre compagnie aérienne européenne. Nous fournissons aux compagnies aériennes européennes un accès en partage de code à plusieurs de ces marchés, incluant des connexions vers l'Australie pour 11 transporteurs, dont cinq d'entre eux avaient cessé l'opération de leurs propres services sur ces routes avant que nous ne soyons entrés sur le marché ». Le CEO conclut : « Etihad Airways est engagée en Europe. Mais une résistance grandissante d'une poignée de concurrents protectionnistes pourrait avoir des conséquences inattendues bien au delà de limiter notre développement. Si notre croissance est entravée ou que nos investissements dans des compagnies aériennes sont compromis, les répercussions seront pour l'Europe, en termes de perte d'emplois, connectivité des vols, investissements dans les économies locales et nationales, et de perte de choix pour les consommateurs ». Cette déclaration survient alors que le régulateur allemand LBA (Luftfahrt-Bundesamt) va de nouveau examiner les accords de partage de codes entre Etihad Airways et Air Berlin prévus pour la prochaine saison hivernale, sur des routes reliant l’Allemagne à l’aéroport d’Abou Dhabi. On notera toutefois que LBA a approuvé ces mêmes vols pour la saison estivale ; Air Berlin espère obtenir un accord définitif…