Une nouvelle perquisition hier chez Servair, une filiale de la compagnie aérienne Air France, a permis de trouver « signaux faibles de radicalisation », tandis que des employés à l’aéroport de Paris-CDG ayant accès à la piste et faisant l’objet de fiches S auraient été repérés. Le nombre d’annulations de réservations vers Paris est plus important que celui des nouvelles réservations, le PDG d’Air France-KLM débutant un tour des principaux marchés pour essayer de rassurer les clients. Une nouvelle perquisition administrative menée le 19 novembre 2015 à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle par 70 militaires de la Gendarmerie des Transports Aériens a visé principalement les locaux de Servair, filiale spécialisée dans le catering d’Air France. Plus de 2000 casiers auraient été fouillés, permettant selon la préfecture déléguée aux aéroports de découvrir des « éléments de prosélytisme et des signaux faibles de radicalisation » : il s’agirait d’une vingtaine de Corans « annotés, selon une lecture radicale ou rigoriste » selon une source citée par l’Express, des « polycopies en arabe » en cours d’analyse, mais aussi des tapis de prières a priori contraires aux règles de l’entreprise, et des horaires de prière. Une autre source esquisse une explication : « on peut penser qu'il y a eu un certain laisser-faire ou que la direction a acheté ainsi la paix sociale ». Les titulaires des casiers suspects pourraient se voir « retirer leur badge d'accès à la zone réservée » en fonction des résultats de l’enquête, comme ça a déjà été le cas pour une dizaine de personnes depuis les attentats de janvier. M6 croit savoir que les enquêteurs ont découvert suite aux perquisitions de mercredi « plusieurs employés d’Air France » qui faisaient l’objet d’une fiche S mais disposaient d’un badge d’accès à la piste, qui leur a été immédiatement retiré. Rappelons que ces fiches couvrent des personnes soupçonnées de radicalisation islamistes mais aussi de liens avec le hooliganisme ou d’autres mouvances extrémistes. Le Figaro de son côté cite une syndicaliste d’Air France selon qui les équipes de Roissy sont depuis cinq ans « de plus en plus confrontées à des problèmes d'ordre religieux » : « des hommes qui refusent d'obéir à des femmes, ce genre d'incidents nous est signalé plusieurs fois par mois » sur le hub de Roissy. Elle évoque en particulier le personnel au sol, « souvent recruté dans les villes voisines de banlieue parisienne », mais affirme que « l’ensemble des entreprises » travaillant dans l’aéroport sont confrontées au problème. Côté direction, le PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac a admis hier sur CNBC avoir constaté « une certaine réticence » à venir à Paris, Air France enregistrant ces derniers jours davantage d’annulations que de nouvelles réservations – même si ces dernières ne se sont pas arrêtées. Un phénomène qui ne devrait pas durer selon lui, mais aucune information chiffrée ne sera communiquée avant les résultats de trafic mensuels habituels, attendus début décembre. Certaines compagnies étrangères ont constaté un phénomène similaire, comme Air Berlin par exemple, mais ce n’est pas le cas pour d’autres comme les low cost Ryanair ou Norwegian. air-journal_Air France 787Dans un long communiqué intitulé « Après le choc, la reconquête d'Air France », la compagnie de l’alliance SkyTeam écrit qu’au lendemain des attentats qui ont frappé la France, « la Compagnie et tous les personnels se sont associés à la douleur des proches et familles des victimes. Le monde entier reste sous le choc de ces terribles événements qui ont déclenché une vague de soutien à la France et à ses valeurs universelles. Au-delà de l'émotion qui nous étreint, et même s'il est prématuré d'en mesurer l'impact sur notre activité, nous observons déjà, à travers le monde, que certains peuvent éprouver de la crainte à l’idée de voyager vers la France. Depuis ces événements, la Compagnie est en lien permanent avec les autorités afin d'assurer à ses clients et ses personnels les plus hauts standards de sécurité et de sûreté ». « Dans ce contexte difficile, il est nécessaire de réagir et de rassurer nos clients. Alexandre de Juniac se rendra sur certains marchés clés pour défendre l’image d’Air France. Il se rend cette semaine à New York pour promouvoir notre Compagnie et la destination Paris auprès du marché américain, particulièrement sur la ligne historique New York - Paris, symbole de l’amitié franco-américaine. Il participera à différentes manifestations de soutien aux échanges commerciaux et culturels entre les deux pays, notamment à une réunion organisée par l'Alliance Française/French Institute, en présence de dirigeants de Delta Air Lines, de Boeing et de beaucoup de dirigeants d'entreprises clientes du Groupe. Il recevra au nom d'Air France-KLM un prix célébrant l'action de la compagnie et de ses personnels au service des liens transatlantiques. (…) Ce déplacement sera aussi l'occasion de participer à des manifestations d'hommages aux victimes des attentats et à de soutien à la France ». Par ailleurs, « Frédéric Gagey a rencontré le SNAV (Syndicat National des Agents de voyages) lundi à Marseille et est aujourd’hui à Amsterdam au Governing Board de SkyTeam ». « Dans les prochaines semaines, Alexandre de Juniac se rendra en Afrique, au Japon et en Chine, animé par ces mêmes objectifs de rassurer nos clients et de défendre la destination France. Le marché américain représente 8 % du trafic passager total du groupe Air France-KLM (et 16 % du trafic total en business), avec plus de 6 millions de passagers l'an passé. 148 vols par semaine connectent Paris-CDG avec les Etats-Unis. Avec la JV Delta, qui génère plus de 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires par an, ce sont plus de 900 vols qui sont proposés à nos clients chaque semaine entre l'Europe et les Etats-Unis ». On notera que pendant ce temps, les négociations avec les syndicats sur le plan Perform 2020 continuent à Air France, un nouveau Comité Central d’Entreprise s’étant déroulé hier. Les élus auraient voté à l’unanimité en faveur du lancement d'une « expertise portant sur la stratégie de la compagnie en matière industrielle et d'emploi », mais la consigne de silence semble être globalement respectée.