Ce lundi est le dernier jour laissé aux syndicats de pilotes de la compagnie aérienne Air France pour signer le projet d’accord sur la compétitivité, rejeté jusque là. En cas de refus, un passage en force de la direction est tout à fait possible, ce qui raviverait une fois de plus les tensions. On ne voit pas très bien ce qui aurait pu ce weekend modifier l’opinion du syndicat majoritaire des pilotes de la compagnie nationale française, le SNPL Air France ALPA, alors que son temps de réflexion arrive à échéance de 2 mai 2016. Il avait en effet rejeté à l’unanimité il y a deux semaines les « ultimes propositions » de la direction sur les gains de productivité dans le cadre de Perform 2020 pour mieux coller à la saisonnalité, jugées « inacceptables » en l’état.  Selon la porte-parole Véronique Damon, la compagnie demande aux pilotes « des sacrifices importants en échange de promesses sur l'emploi et la croissance » ; soit beaucoup d'efforts « en termes de rémunération, de qualité de vie et de densification de l'activité » qui auraient porté « plus loin que la plupart des compagnies européennes et américaines le niveau de fatigue », tandis que les pilotes de Boeing 777 « déjà aux limites » des heures maximales de vol auraient « perdu 8 à 9% de salaire ». La syndicaliste estimait en outre que la promesse d’Air France d’embaucher 600 pilotes d’ici 2020, dont au moins 50 d’ici la fin de l’année, représente « pour l'essentiel de remplacements de départs à la retraite et d'emplois prévus pour la croissance de Transavia ». Le SNPL se disait il y a quinze jours prêt à « une vraie négociation », mais aucun signe de progrès n’a « fuité » depuis, la démission du PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac venant en outre compliquer la donne – les syndicats pouvant arguer de l’attente de la nomination de son remplaçant avant d’éventuellement bouger. Cet argument est a priori devenu caduc dimanche soir avec la nomination de Jean-Marc Janaillac par le Conseil d’administration du groupe. De son côté, la direction d’Air France peut désormais juger que le temps donné aux pilotes  a été suffisant, et appliquer unilatéralement les mesures de Transform 2015 (signées mais partiellement mises en œuvres par les pilotes), avec la bénédiction des tribunaux qui lui ont donné raison.  Avantage : cela pourrait calmer les PNC, qui ont déjà prévenu que si les pilotes n’acceptent aucun effort, ils ne feront aucune concession lors de la négociation sur leur propre accord collectif. Inconvénient : le spectre d’une nouvelle grève de pilotes, alors qu’approchent l’Euro 2016 de football et les grandes vacances. Le SNPL parlait hier dans Libération de « politique de la terre brûlée » de la part de la direction, et e déjà prévenu qu’en dehors des recours judiciaires, il s’opposera « par tous les moyens, y compris la grève à toute modification unilatérale par la direction des conditions de travail ou de rémunération des pilotes, ou de non respect du périmètre actuel ».