La compagnie aérienne low cost Ryanair et sa rivale Vueling se seraient alliées pour porter plainte à Bruxelles, accusant la France de ne pas accepter le détachement des salariés. Les 3250 recrutements de pilotes, PNC et ingénieurs prévus dans les bases de Ryanair ne concernent que des aéroports hors de l’hexagone. Selon une lettre envoyée le mois dernier au Premier ministre Manuel Valls et à la Ministre du travail Myriam El Khomry dévoilée par Challenges le 4 octobre 2016, les spécialistes irlandaise et espagnole du vol pas cher auraient déposé deux plaintes auprès de la Commission européenne contre la France, qui n’aurait « pas respecté son obligation d’accepter le détachement des salariés ». Les low cost affirment avoir le droit de détacher leur personnel opérant en France tout « en l’affiliant à leur régime de protection sociale aux cotisations sociales bien moins élevées », et ce au nom de la libre circulation des travailleurs dans l’Union Européenne. Le but de Ryanair et Vueling serait de casser les décisions de justice dans l’hexagone, où les low cost ont été condamnées pour travail dissimulé en raison du non-paiement des cotisations sociales; Ryanair n’y dispose plus de bases, tandis que Vueling en opère dans les aéroports de Paris-CDG, Orly et Toulouse (ce qui rend sa présence dans ces plaintes surprenante). « Les personnels exerçant en France et prétendument détachés d’Espagne par Vueling et d’Irlande par Ryanair, ne résidaient ni en Espagne ni en Irlande, et ne s’y rendaient pas non plus dans le cadre de leurs activités professionnelles », rappelle la lettre qui parle d’un détournement de la « finalité initiale » des règles du détachement « afin de profiter du système social le plus avantageux ». Challenges précise que les signataires de la lettre sont (sans surprise) le PDG d’Air France Frédéric Gagey, les présidents de la FNAM Alain Battisti et du SCARA Jean-François Dominiak, et enfin le dirigeant du SNPL Erick Derivry. La compagnie nationale françaises, les deux fédérations du transport aérien et le principal syndicat de pilotes affirment avoir été « informés » de ces deux plaintes, et de l’ouverture par la Commission européenne d’une procédure contre la France, demandant « aux autorités françaises de fournir toutes informations susceptibles d’expliquer leur position dans un délai de 10 semaines ». Les quatre dirigeants appellent le gouvernement à soutenir leur action « contre le dumping social et la concurrence déloyale associés aux pratiques » des deux low cost, afin de ne par remettre en cause « le maintien d’une filiale française de l’aérien ». Une courte recherche sur le site de la Commission européenne ne relève aucune nouvelle action en justice ni ouverture d’enquête contre la France cette année sur le sujet, mais Ryanair a toujours expliqué après ses condamnations hexagonales pour travail dissimulé qu’elle respectait le droit européen (entreprise irlandaise et avions irlandais, donc contrat de travail irlandais), en particulier à Marseille en 2014. air-journal_Ryanair avions solCôté emploi, Ryanair a annoncé hier une nouvelle campagne de recrutement pour accompagner l’arrivée l’année prochaine de 50 nouveaux Boeing 737-800. Parmi les 3250 postes annoncés, 2000 visent des hôtesses de l’air et stewards, 1000 des pilotes et 250 des ingénieurs. Quelque 300 copilotes seront en outre promus au rang de commandant de bord, l’ensemble devant être réparti sur ses 84 bases européennes. D’autres emplois sont ouverts dans les services « informatique, vente et marketing, « expérience digitale », finance et commercial » au siège de la low cost à Dublin, ainsi que dans sa filiale Travel Lab Poland à Wroclaw en Pologne. Pendant les cinq prochaines années, « la flotte de Ryanair passera de 355 à 500 avions, qui nécessiteront le recrutement de plus de 5000 personnes », précise dans un communiqué Eddie Wilson, « chief people officier ».