L'Association du transport aérien international (IATA) a dévoilé hier ses perspectives financières : après une année 2016 qui devrait encore être très bonne pour les bénéfices des compagnies aériennes, 2017 devrait voir ces profits baisser pour cause de remontée du prix du pétrole. Dévoilées le 8 décembre 2016 à Genève, ces prévisions pour l’année en cours tablent sur un bénéfice global record de 35,6 milliards de dollars, a peu près stable par rapport à l’année dernière mais en baisse par rapport aux prévisions initiales pour cause de ralentissement de la croissance et de hausse des coûts. Avec pour résultat une marge nette de 5,1%, les deux nombres représentant des records absolus dans l’histoire du transport aérien. Le nouveau PDG de l’IATA Alexandre de Juniac évoque un « atterrissage très en douceur restant de façon sûre dans le territoire des bénéfices », malgré les incertitudes économiques, les trois dernières années étant les meilleures de l’histoire du secteur. Le dirigeant de l’IATA évoque cependant les « risques abondants » auxquels fait face le transport aérien, dont ceux « politiques, économiques ou de sécurité », tandis que le contrôle des coûts « est une bataille constante dans une industrie hyper compétitive ». Une méfiance reflétée dans les prévisions pour l’année 2017 : les bénéfices devraient baisser à 29,3 milliards de dollars sur des revenus cumulés de 736 milliards de dollars, soit une marge nette en baisse d’un point de pourcentage à 4,1%. Le bénéfice par passager ne sera que de 7,54 dollars, pour un prix moyen du billet d’avion en baisse constante (de 63% depuis 1995 selon l’IATA pour s’établir à 351 dollars en 2017). Le baril de Brent devrait remonter jusqu’à 55 dollars l’année prochaine, contre une moyenne de 44,6 dollars cette année, poussant à la hausse le prix du carburant d’aviation. Ce qui engendrera un ralentissement de la croissance du trafic à 5,1% (contre 5,9% en 2016) et des capacités à 5,6% (contre 6,2%). La croissance de l’économie globale et des « changements structuraux » dans le secteur pourraient cependant « aider à faciliter » une stabilisation des rendements, après des baisses constantes depuis 2012. La meilleure performance économique par région revient à l’Amérique du nord, où les compagnes aériennes devraient dégager en 2017 un bénéfice net cumulé de 18,1 milliards de dollars (en recul cependant par rapport aux 20,3 milliards attendus cette année), avec une marge nette de 8,5% et un profit par passager à 19,58 dollars. Soit trois fois mieux qu’en Europe, où l’IATA prévoit en 2017 un bénéfice net de 5,6 milliards de dollars après les 7,5 milliards attendus cette année ; la faute dans le Vieux continent à « une compétition intense, des coûts élevés, des régulations onéreuses et des taxes élevées », sans oublier la menace du terrorisme.  En Asie-Pacifique, le profit net de 2017 devrait être de 6,3 milliards de dollars (contre 7,3 milliards attendus cette année), avec une hausse de la demande estimée à 7,0%. Au Moyen-Orient, ce profit devrait être divisé par trois l’année prochaine à seulement 0,3 milliard de dollars, avec une marge nette de 0,5% et un profit par passager à 1,56 dollar. Les périls pour cette région sont selon l’IATA la hausse des taxes d’aéroport dans le Golfe et l’augmentation des délais dans la gestion du trafic aérien. En Amérique latine, le profit espéré en 2017 est de 200 millions de dollars, en recul par rapport aux 300 millions attendus en 2016, avec une marge nette de 0,7% et un profit par passager de 0,76 dollars. Les problèmes : « déficiences de l’infrastructure, taxes élevées, fardeau de la régulation en hausse » - sans oublier le refus du Venezuela de « rapatrier » 3,8 milliards de dollars dus aux compagnies aériennes. Enfin et sans surprise, l’Afrique devrait avoir la plus faible performance économique en 2017 avec une perte de 800 millions de dollars à peu près stable ; soit une perte de 9,97 dollars par passager transporté. Le continent reste handicapé selon l’IATA par les conflits et l’impact de la baisse du prix des matières premières. L’association estime que les compagnies aériennes de par le monde effectueront 38,4 millions de vols l’année prochaine (+4,9%), et recevront environ 1700 nouveaux avions (dont la moitié pour remplacer des appareils en service), soit une flotte globale de 28.700 avions (+3,6%). Son rapport intégral est consultable ici.