Un syndicat dénonce les conditions « inacceptables » dans lesquelles un équipage de la compagnie aérienne Air France a été traité lors d’une escale à Buenos Aires, après la plainte abusive d’une passagère ayant des liens de parenté avec des magistrats locaux. Selon la lettre envoyée par le SNPNC au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Driand, à son homologue argentin et à l’ambassade d’Argentine à Paris, l’incident a débuté le 29 octobre 2017 lors du vol AF228 entre Paris-CDG et l’aéroport de Buenos Aires-Ezeiza. La passagère non identifiée a dans un premier temps demandé un surclassement en classe Affaires, refusé pour cause de cabine complète, puis a demandé un changement de siège « au motif cette fois-ci d’une attitude déplacée de son voisin » – une requête acceptée même si l’équipage n’avait constaté « aucune anomalie ». Mais à l’atterrissage, les services de police argentins ont selon le syndicat immédiatement interpellé une partie de l’équipage « suite à la plainte de la passagère », les employés d’Air France étant retenus dans le commissariat de  l’aéroport pendant six heures. Selon des sources proches de l’enquête citées par Europe 1, la passagère, médecin de 29 ans, a en fait accusé son voisin de s'être masturbé dans l'avion – sans le préciser aux PNC. L'équipage avait à deux reprises réveillé « le passager français de grande taille et corpulent, assis au milieu d'une rangée de trois sièges, car il empiétait sur l'espace de sa voisine ; l’homme a été interpellé et placé à l'isolement pendant 24 heures, sans pouvoir avoir accès à un avocat ou à l'assistance consulaire. Il a été relâché le lendemain sans être interrogé par le juge ». Les mêmes sources indiquent que l’équipage avait proposé à la passagère de changer de place avant le départ du vol, mais elle avait refusé. Le soir même de l'arrivée du vol AF228, raconte le SNPNC, les services de police ont débarqué à 22h30 sur le lieu de résidence de l’équipage pour leur délivrer des assignations, avec injonction de se rendre le lendemain matin à 8h30 au tribunal de Buenos Aires. « Par la suite, l’équipage a eu connaissance des liens de parenté entre Mme X avec une magistrate de Buenos Aires et un ancien vice-ministre de la justice », affirme le syndicat. Une fois sur place, le chef de cabine principal a été « séparé du groupe et enfermé dans une pièce d’1 m² sans possibilité de s’asseoir ni de boire et manger, et ce pendant plusieurs heures ». Aucune explication ne lui a été donnée et il avait été interdit à quiconque de l’accompagner et de communiquer avec lui, deux gardes armés étant placés devant sa porte. Après plusieurs heures, poursuit le SNPNC, il a pu prendre contact avec un avocat et « formaliser une plainte sur ses conditions de détention », suite à quoi une chaise lui a été fournie – toujours « sans savoir sous quel statut intervenaient les conditions de détention ». Le chef de cabine principal « a été profondément bouleversé par ce traitement humiliant », souligne le syndicat. Le reste de l’équipage d’Air France, présent au tribunal depuis 8h30, n’a été entendu qu’à partir de 14 heures et « jusqu’en soirée » ; le chef de cabine principal n’a été entendu qu’à partir de 20 heures « lors d’une audition où il a été contraint de parler en espagnol qui n’est pas sa langue maternelle ». Plusieurs autres personnes étaient présentes selon le syndicat, « notamment le père de la plaignante, l’ancien vice-ministre de la justice, et son épouse », et d’autres « inconnues à ce jour ». Le chef de cabine principal a alors subi « un véritable interrogatoire par le juge mais aussi l’ancien vice-ministre ». Puis tout le monde a été relâché dans la soirée, « sans excuse ni explication ». L’équipage « particulièrement choqué a dû être rapatrié en France, étant dans l’incapacité physique et morale d’assurer sa mission de retour » selon le SNPNC. Il demande en particulier à l’ambassade d’Argentine en France de faire toute la lumière sur cette « affaire inacceptable », et diligenter une enquête « afin d’apporter les garanties qui permettront aux équipages Air France de retrouver la sérénité indispensable à la bonne réalisation de leurs missions en Argentine ». Le syndicat étudie par ailleurs avec ses avocats les possibilités de recours juridique « pour obtenir réparation du préjudicie subi par nos collègues et par la profession » après ces « violations des droits fondamentaux » de l’équipage Air France.