Le groupe Air France-KLM appliquera une surcharge de 11 euros par aller simplesoit 22€ pour un aller-retour, à la charge des agences de voyages qui réservent via GDS (Global Distribution Systems) à partir d'avril 2018. Pourquoi cette nouvelle surcharge GDS ? Selon nos informations, Air France-KLM va retirer en 2018 son offre full content (offre exhaustive en inventaire avec tous les vols et les différents tarifs de la compagnie aérienne) sur Amadeus, leader GDS en France, pour proposer une offre non-exhaustive. Sauf qu'avec une offre non-exhaustive, Air France-KLM va devoir payer beaucoup plus Amadeus, comme le prévoient les accords entre compagnies aériennes et GDS. Pour compenser ce surcoût, le groupe aérien a décidé de taxer les distributeur de 11 euros par billet aller-simple vendu. En bref, les agences de voyage paieront indirectement une partie des frais GDS qu'Air France-KLM réglera à Amadeus dans le cadre de la mise en place d'une offre non-exhaustive. Dans une lettre datée du 3 novembre 2018, Air France-KLM explique aux agences de voyage française :  "Vous continuerez à avoir accès à notre offre via les systèmes de distribution mondiaux (GDS) mais ce modèle représente des coûts plus élevés pour le groupe. Ainsi, à compter du 1er avril 2018, Air France-KLM appliquera une surcharge de 11 € par aller simple sur les ventes GDS. Cette surcharge couvrira le différentiel de coût entre le modèle GDS et les coûts équivalents observés en vente directe Air France-KLM. Cette surcharge s'appliquera dès lors qu’un segment marketing d'Air France, Hop! ou KLM est utilisé. Son montant est susceptible d'évoluer dans le temps. Elle ne s'appliquera pas aux APIs (Application Programming Interface) et au portail Air France KLM (Agent Booking Tool) et aux canaux vente directe d'Air France KLM". Avec cette surcharge, un billet réservé via GDS par une agence de voyage est forcément plus cher qu'un billet réservé directement sur les sites d'Air France, KLM et HOP! Un coup dur pour les professionnels du voyage. "Un acte hostile", selon les termes du Entreprises du voyage (EdV), ex-Syndicat national des agences de voyage (SNAV). Outre faire payer le surcoût GDS aux distributeurs, l'objectif d'Air France-KLM est de les pousser vers son offre NDC (New Distribution Capability), le nouveau standard de distribution, développé sous l’égide de l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA). Concrètement, le NDC permet aux compagnies aériennes de maîtriser leurs offres (offre exhaustive ou non-exhaustive selon le distributeur), proposer des tarifs personnalisés et vendre des produits annexes. "Le groupe Air France-KLM travaille progressivement au développement de son offre NDC et investit dans des options vous permettant d'accéder, de réserver et de vendre l'offre du groupe : soit en se connectant à APIs (Application Programming Interface) Air France KLM dès janvier 2018, soit en accédant au nouveau portail d’Air France KLM (Agent Booking Tool) à partir du 1er avril 2018", explique le groupe franco-néerlandaise dans sa lettre adressée aux voyagistes. Jusqu'ici, les compagnies aériennes paient les systèmes GDS pour héberger leurs offres. Les distributeurs, agences de voyage et tour-opérateurs, réservent via GDS pour vendre les billets des compagnies aériens. En retour, les GDS reversent une commission aux distributeurs selon le volume de billets réservés. C'est principalement cette commission qui fait vivre les agences de voyage. Mais la fin annoncée des réservation via GDS, remplacée progressivement par le NDC, mettra fin fin à ce modèle économique.  "La seule chose dont nous sommes malheureusement certains est que cette mesure [la taxe GDS, ndlr] va générer une distorsion de concurrence inacceptable entre les ventes directes d'Air France-KLM et les agences de voyages... La responsabilité sociétale d'Air France-KLM est engagée dans la mesure où la brutalité d'une telle mesure présente un risque de destruction du maillage des petites entreprises qui n'auront ni le temps ni les moyens de s'adapter et dont l'offre tarifaire non compétitive sera, du seul fait de la surcharge , imposée", a écrit, il y a deux jours, Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du voyage, à Jean-Marc Janaillac, le PDG d'Air France-KLM. Et de demander au groupe franco-néerlandaise "de reporter cette surcharge d'au moins 24 mois et d'ouvrir un dialogue constructif avec les acteurs du voyage".