Seulement la moitié des vols long-courriers de la compagnie aérienne Air France sont assurés ce jeudi, en raison de la grève lancée à l’appel de dix syndicats réclamant des augmentations de salaire. Elle espère assurer 75% du moyen-courrier au départ de Paris-CDG et 85% du court-courrier, la filiale régionale HOP! n’étant pas affectée.

Parmi les destinations long-courriers affectées ce 22 février 2018 au départ de l’aéroport de Paris-CDG figurent New York-JFK, Bamako, Delhi, Atlanta, Mumbai, Antananarivo, Pointe Noire, Libreville, Mexico, Yaoundé, Dubaï, Accra, Tokyo, Freetown, Panama City, Montréal, Lagos, Detroit, Moscou, Dakar, Bangkok, Sao Paulo, Buenos Aires, l’île Maurice, Rio de Janeiro et Santiago du Chili. A Orly, ce sont les vols vers Cayenne, Pointe-à-Pitre et New York-JFK qui sont affichés en rouge.

Sur le moyen-courrier à Roissy, des rotations sont annulées vers Alger, Florence, Londres-Heathrow, Prague, Manchester, Birmingham, Toulouse, Milan, Oslo, Moscou, Naples, Lisbonne, Barcelone, Edimbourg, Varsovie, Rome, Francfort, Berlin, Marseille, Bordeaux, Nice, Bucarest, Brest, Nantes, Rabat, Lyon – et cela uniquement pour des départs avant midi. Rappelons que seuls les vols opérés par un avion d’Air France ou de Joon sont concernés par ce mouvement.

Des retards et annulations de dernière minutes sont possibles ce jeudi. Air France annonçait hier un taux de grévistes de 29%, mais les syndicats estiment ce nombre sous-estimé ; ils ont en effet attendu le dernier moment pour envoyer la liste des employés se déclarant en grève, dans la limite des 48 heures avant le début du conflit prévues par la loi Diard, espérant ainsi maximiser les effets de la grève. La compagnie aérienne ne peut pas utiliser ces deux jours pour réorganiser ses plannings, rappelait la Cour de Cassation en octobre dernier. Des sources internes ont expliqué dans les Echos que le pourcentage de grévistes atteindrait « 33,4% chez les pilotes, 37,1% chez les hôtesses et stewards et 25,9% chez les personnels au sol soumis à la loi Diard ».

La grève d’aujourd’hui a été lancée à l’appel d’une intersyndicale regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF). Représentant 52,6% des voix du personnel, ils demandent une augmentation de salaire de 6% (voire 10% pour les pilotes), ou de 200 euros par mois pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années. Alors que l’accord annoncé par Air France ne mentionne qu’une hausse pour tous de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions ; cet accord n’a été signé que par la CFDT et la CFE-CGC, représentant 31,3 % des voix.

Les revendications salariales de l’intersyndicale ne correspondent pas « à la situation réelle de l’entreprise par rapport à son environnement », a estimé le PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac, évoquant « au total 240 millions d’augmentation, ce qui représente un tiers des résultats opérationnels, alors que nous avons à faire face à 1,3 milliard d’investissements cette année pour acheter des avions ». Le directeur général d’Air France Franck Terner a en outre souligné que le groupe va « distribuer 130 millions d’euros d’intéressement aux salariés d’Air France, ce qui représente 4% de la masse salariale », soit 70 millions de plus que l’année dernière.