Le quatrième jour de grève hier chez la compagnie aérienne Air France ferait monter la facture à près de 100 millions d’euros, sans le moindre signe de progrès sur la demande d’augmentation générale des salaires de 6%. Une réunion avec l’intersyndicale est prévue ce mercredi, les pilotes devant rencontrer de nouveau la direction demain, avant les nouvelles grèves prévues les 7, 10 et 11 avril.

Environ un quart des vols programmés par la compagnie nationale française ont été annulés le 3 avril 2018, comme lors des trois précédents arrêts de travail organisés par onze syndicats représentant tous les corps de métier. « Il faut que la direction plie », a déclaré sur France Info le secrétaire général de la CGT Air France Vincent Salles, prévenant que son syndicat ira « au point de rupture » face au refus de la direction de faire des compromis. « On subit un gel des salaires depuis 2011, on demande juste un rattrapage de l’inflation, ce n’est pas une revendication mirobolante », rappelle-t-il alors que les employés ont subi « des plans de restructuration successifs, on a perdu plus de 10 000 emplois, on a perdu des jours de congés » – et que le personnel au sol qu’il représente en particulier a « largement fait sa part ».

Le président du SNPL Air France Philippe Evain a renchéri dans Le Monde : la mobilisation de faiblit pas, assure-t-il, et il n’y a « pas de fléchissement à attendre » de la part des pilotes. Il évoque les négociations en cours, séparées de celles avec l’intersyndicale, et croit savoir qu’Air France « a des choses à demander » : une augmentation de salaire serait accordée en échange d’accords sur le passage à plus de 40 avions pour la filiale low cost Transavia, et sur la disparition de la clause empêchant la filiale régionale HOP! d’opérer des avions de plus de 110 sièges. « « Il faut que vous nous donniez l’argent pour vous augmenter », aurait proposé le directeur général d’Air France Franck Terner ; « nous ne sommes pas à vendre », rétorque Philippe Evain pour qui ces sujets « ne pourront être discutés qu’après le règlement de la question des salaires ».

La facture du premier jour de grève, le 22 février, avait été estimée à 26 millions d’euros par Air France, incluant la perte de chiffres d’affaires et les compensations pour les passagers affectés ; chaque journée supplémentaire lui coûterait entre 22 et 26 millions, soit une facture totale approchant déjà les 100 millions d’euros. L’intersyndicale, regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, et rejointe par l’UNAC, réclame toujours une augmentation de salaire de 6% (et 10,7% pour les pilotes) pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années. Elle a rejeté la proposition de la direction sur un mécanisme d’ajustement salarial pour les employés dont les salaires ont progressé moins vite que l’inflation.

Rappelons que les augmentations décidées par Air France pour 2018 (mais approuvée par seulement deux syndicats, la CFE-CGC et la CFDT représentant 31,3% des voix du personnel) sont de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions. L’intéressement reversé aux 44.200 employés, après les bons résultats de 2017, représente en outre quelque 130 millions d’euros. Air France avait chiffré à 240 millions d’euros le prix de l’augmentation générale demandée, soit 40% du bénéfice opérationnel de 588 millions d’euros dégagé l’année dernière.

Grève Air France : mouvement durci, négociations poursuivies 1 Air Journal