La compagnie aérienne Air France prévoit d’assurer près de 70% de ses vols aujourd’hui, septième jour de grève à l’appel de l’intersyndicale réclamant une augmentation générale de 6%. La direction propose des négociations salariales pluriannuelles, avec la hausse générale prévue doublée à 2% dès cette année – contre une sortie de conflit.

Pour cette journée du 11 avril 2018, la compagnie nationale française prévoit d’assurer 60% des vols long-courriers, 65% des vols moyen-courriers de et vers Paris-Charles de Gaulle, et 75% des vols court-courriers dans les aéroports de Paris-Orly et de province. Des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure, Air France rappelant que seuls les vols opérés par ses avions et ceux de Joon sont affectés par la grève, pas ceux de la filiale régionale HOP! ni ceux effectués en partage de codes par d’autres compagnies comme KLM ou Delta Air Lines. L’impact de ce septième jour de grève depuis le 22 février est donc plus important que la moyenne observée jusque là, soit un quart des vols annulés. Air France estime le taux de grévistes « sur les salariés engagés et soumis à la loi Diard » à 36,3% des pilotes ; 21,6% des personnels navigants commerciaux ; et 15,1% des personnels au sol. Les mesures commerciales habituelles sont en place, dont la possibilité de report sans frais, quel que soit le tarif.

Rappelons que la compagnie de l’alliance SkyTeam fait encore face à deux autres périodes de grève de deux jours, les mardi 17 et mercredi 18 avril, puis les lundi 23 et mardi 24 avril. La direction a publié hier un long communiqué sur ses nouvelles propositions : « Air France et ses clients vivront demain un 7ème jour de grève en 6 semaines. Minoritaires à l’échelle de l’entreprise, ces grèves n’en ont pas moins des répercussions commerciales et opérationnelles dramatiques, elles détruisent l’image et les résultats de la compagnie. Elles mettent à rude épreuve les équipes au travail, qui font face aux clients déçus et mécontents, et ravivent des tensions internes. La direction d’Air France a expliqué depuis le premier jour le sens des mesures salariales et d’intéressements importantes appliquées en 2018, alertant sur les risques encourus par la compagnie si elle augmentait massivement et brutalement ses coûts, dans un contexte de concurrence accrue. Elle ne peut que regretter que les propositions de négociation formulées aient été rejetées jusqu’ici ».

« Dans un esprit de dialogue et de responsabilité, la direction d’Air France propose aujourd’hui aux organisations syndicales l’ouverture d’une négociation pluriannuelle sur les salaires (2019-2021). Cette négociation, intercatégorielle comme le demandent les organisations représentatives, doit conduire à un véritable « pacte de croissance ». La dimension pluriannuelle permettra d’apporter des réponses aux revendications exprimées et d’inscrire dans le temps des mesures que la compagnie ne peut pas supporter de façon brutale. Afin de mettre un terme à ce conflit, dans le cadre de cette négociation, la direction proposera d’appliquer une partie des mesures à venir dès le 1er avril 2018 en revalorisant les grilles de salaires de 1%, portant à 2% la revalorisation des grilles de rémunération pour 2018. Cette négociation débutera dès ‪jeudi 12 avril, et il est proposé qu’elle se déroule sans interruption jusqu’à la finalisation d’un accord ouvert à la signature. Par cette proposition, la direction appelle les organisations syndicales à suspendre le conflit le temps de cette négociation ».

Rappelons que les augmentations pour 2018 décidées par Air France (mais approuvée par seulement deux syndicats, la CFE-CGC et la CFDT représentant 31,3% des voix du personnel) sont de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions. L’intéressement reversé aux 44.200 employés, après les bons résultats de 2017, représente en outre quelque 130 millions d’euros. L’intersyndicale regroupant trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC, réclame une augmentation de 6% des grilles de salaires pour l’ensemble du personnel (et 10,7% pour les pilotes). Air France avait chiffré à 240 millions d’euros le prix de l’augmentation générale demandée, soit 40% du bénéfice opérationnel de 588 millions d’euros dégagé en 2017

Air France a en outre spécifié que « la négociation engagée depuis deux semaines avec les organisations représentatives des pilotes se poursuivra autour des thèmes spécifiques pilotes, dans un cadre équilibré qui permette de garantir la dynamique de croissance sur laquelle nous nous sommes engagés ». Des déclarations qui n’ont guère convaincu leurs syndicats, le président du SNPL AF Philippe Evain jugeant dans Le Parisien que ce que propose le directeur général Franck Terner « n’a ni queue ni tête », la demande de levée du conflit « sans rien obtenir de concret en échange » n’est « vraiment pas sérieux et pas à la hauteur de la problématique », qui est de « rembourser » l’argent que le personnel a « prêté » à la compagnie ces derniers années. Sandrine Techer, secrétaire de section du SNPNC, déclare dans le Monde être « abasourdie et furieuse » par la forme et le fond de la nouvelle proposition de la direction, et promet que le conflit va être maintenu.

L’intersyndicale tiendra ce matin une conférence de presse, en marge d’un rassemblement des salariés d’Air France organisé à Roissy-CDG, place Magellan (face au siège d’Air France), « alors que le coût de cette grève approche les 200 millions » et que « l’inaptitude au dialogue social de cette direction apparaît de plus en plus flagrante ».

Grève Air France : 30% de vols annulés, la direction fait des propositions 1 Air Journal