Plus de 200 vols auraient été annulés depuis le début du conflit entre la compagnie aérienne Royal Air Maroc et ses pilotes, ces derniers niant toujours le fait d’être en grève. Aucune reprise des négociations n’est en vue.

Huit vols annulés hier entre les aéroports de Casablanca, Paris-CDG et Orly, Lyon et Madrid, deux autres ce lundi 13 aout 2018 (AT760/AT761 vers et depuis Orly) : depuis le début du conflit mi-juillet, plus de 200 annulations de vols (plus de 170 selon RAMassistance) ont affectés les passagers de la compagnie nationale marocaine. Royal Air Maroc demande à ses clients de vérifier que leurs coordonnées « sont bien actualisées au niveau de https://bit.ly/2M9qIHA  pour être informés en temps réel de tout éventuel changement concernant votre vol ». Des mesures commerciales telles que le report sans frais de la réservation ou le remboursement du billet restent en place.

Depuis le début aout, il n’y a plus aucune négociation entre la RAM et L’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL), cette dernière démentant toute organisation d’une grève à propos de ses revendications salariales. « La RAM nous demande d’échelonner les revalorisations, même pour les nouveaux pilotes. C’est-à-dire que les pilotes qui vont intégrer la compagnie dans six ans vont voir leur revalorisation salariale échelonnée sur les cinq ans qui suivent. Cela peut créer une inégalité en termes de salaire.  C’est le petit point qui bloque les négociations », déplorait un pilote dans Telquel. L’AMPL affirmait pourtant la semaine dernière que la question des salaires n’est « pas la priorité des pilotes en ce moment », même si la grille « n’a pas évolué depuis 14 ans » : les pilotes demandent « que la compagnie réduise leurs heures de vol (…) et accorde quatre jours off successifs par mois », soutient un membre du syndicat.

Pour l’APML, les annulations de vols résultent d’une mauvaise préparation du planning estival. Elle pointe du doigt les communiqués de la RAM qui avaient débuté le mois dernier après la publication dans l’Economiste d’une lettre du PDG Abdelhamid Addou, qui dénonçait « l’absence de volonté d’aboutir à un compromis » et une « surenchère des revendications ». « Ce refus dogmatique d’un engagement vers une pérennisation des relations sociales, révèle l’intention de se maintenir dans une position belliqueuse jugée confortable, mais au demeurant court-termiste et inutile, dès lors qu’il n’y aura plus rien à défendre après la destruction », écrivait le dirigeant, alors que la RAM a « mobilisé des moyens, dont nous ne disposons pas aujourd’hui, pour pouvoir répondre aux attentes des pilotes de ligne. Nous avons entrepris la mise en place de process pour améliorer le quotidien. Nous avons initié l’acquisition de systèmes d’information avant-gardistes pour améliorer les conditions de travail et nous avons encore une fois buté sur l’absence d’accompagnement ».

Les pilotes de Royal Air Maroc avait commencé à parler salaires en février, quand la compagnie évoquait sa stratégie de doubler la flotte d’ici 2020 et avait donné un accord de principe sur une revalorisation. Une première journée de grève avait alors été organisée, mais plus aucune depuis, assure l’AMPL qui avait mis sur la table quatre sujets de revendication : une revalorisation des salaires de 15.000 dirhams sur une période cinq ans, le refus d’une paix sociale de 7 ans demandée par la compagnie, 4 jours de repos mensuels consécutifs, et un traitement égal pour les pilotes de RAM Express. Mais aussi la réouverture d’une école de formation des pilotes, un traitement des pilotes étrangers engagés en CDD plus comparable à celui des Marocains (qui sont moins bien payés) – et le sujet des 48 heures off chaque semaine, que les pilotes appliqueraient à la lettre selon le syndicat, d’où l’apparence de grève…