La Direction Général de l’Aviation Civile française (DGAC) a finalement édicté ses règles concernant le coavionnage, basées en gros sur celles régissant les baptêmes de l’air et ne laissant la pratique ouverte qu’à environ 1700 pilotes privés hors des vols locaux. Prenant le contrepied de l’Europe qui a décidé pour l’instant de ne rien faire, la DGAC a publié le 23 aout 2016 une « consigne opérationnelle à effet immédiat » concernant l’équivalent aérien du covoiturage. « Pour les vols circulaires de moins de 30 minutes entre le décollage et l’atterrissage durant lesquels l’aéronef ne s’éloigne pas à plus de 40 kilomètres de son point de départ, réalisés par un pilote privé : une expérience d’au moins 200 heures de vol après l’obtention de la licence de pilote ainsi qu’une expérience récente de 25 heures de vol dans les 12 derniers mois seront exigées ; cette disposition sera identique à celle concernant les baptêmes de l’air en aéroclubs ». En qui concerne les vols « aller simple », la DGAC ajoute que « pour les vols de navigation, il sera en outre exigé, si le pilote ne dispose pas d’une licence de pilote professionnel, la détention d’une qualification de vol aux instruments ou d’une qualification d’instructeur ». Ce cadre juridique, valable dès le 25 aout, permet désormais d’encadrer le recrutement sur internet de passagers contre partage des frais, telle que pratiqué par les sites comme Wingly – sans aller jusqu’à exiger de ceux-ci l’obtention d’un certificat de transport aérien. Expliquant que le secteur de l’aviation légère est plus développé en France que dans le reste de l’Europe, la DGAC revendique une approche sécuritaire, réservant le coavionnage « aux pilotes professionnels et aux pilotes privés expérimentés et  aptes à gérer des situations dégradées, dans la planification et la réalisation du vol ». Elle souligne qu’il y a en France 25.500 détenteurs d’une licence de pilote privé et 12.300 détenteurs d’une licence de pilote professionnel ou de ligne ; son calcul estime que le nouveau cadre réglementaire « permettra à environ 14.000 pilotes d’effectuer du coavionnage en vols de navigation, soit plus du tiers des pilotes d’avions français », soit seulement 1700 pilotes privés pour les vols non locaux. La règle s’applique à tous les pilotes se posant ou décollant de France. Wingly a été la première à réagir, jugeant dans Aerobuzz le nouveau cadre juridique « abusif et inadapté ». Bertrand Joab-Cornu, l’un des cofondateurs, évalue à 85% du potentiel de vols en coavionnage l’impact du texte dans l’hexagone (qui ne représente que 5% de son activité) : il précise dans les Echos avoir aujourd'hui « entre 30 et 50 vols proposés en permanence sur notre site français, contre plus de 3000 sur notre site allemand, qui a passé le cap des 1000 passagers après seulement six mois d'existence ». L’Europe doit encore se prononcer, et on saura dans environ deux ans si c’est à la France de s’adapter aux règles de l’Union ou le contraire.