D’un côté, le pouvoir politique assure qu’il n’y a pas de pénurie de carburant. De l’autre les aéroports font face à des réserves qui diminuent de jour en jour. Dans ce contexte de difficultés nationales d’approvisionnement en carburant, aéroports et compagnies réorganisent leur circuit de distribution de kérosène. Hier, suite à la grève des sociétés d’avitaillement des avions de Roissy Charles-de-Gaulle, trois avions d’Air France sont allés s’approvisionner à l’aéroport de Beauvais-Tillé, événement qui d’ordinaire ne se produit qu’en cas d’encombrement des pistes d’Orly et Roissy. Peu avant midi, les deux Airbus A320 et l’A321 –à destination de Varsovie, Alger et Rome- ont atterri sur les pistes de l’aéroport beauvaisien quelque minutes après leur décollage de Roissy. Ils ont stationné chacun une petite heure au milieu des camions-citernes et des pompes à essence de l’aéroport avant de redécoller vers leur destination finale. Pour faire face au blocage de l’approvisionnement en kérosène dans les aéroports parisiens, Mulhouse, Manchester, Tunis et Barcelone ont également servi hier de plates-formes d’escale et de ravitaillement aux avions de Roissy et Orly pour y faire le plein. Quant à l’aéroport de Nantes, lui aussi en manque de carburant, il recommandait dès vendredi aux compagnies aériennes de privilégier certaines consignes comme le double emport : à savoir un approvisionnement double à l’escale précédente pour permettre un redécollage de Nantes sans avitaillement jusqu’à la destination finale. Ou de prévoir un changement de « routing » : modification des trajets prévisionnels afin d’éviter l’avitaillement à Nantes. Dernière alternative, les stops intermédiaires : arrêt supplémentaire pour avitaillement sur d’autres aéroports, en particulier hors France. La situation ne devrait pas s’améliorer aujourd’hui, jour de grève nationale contre la réforme des retraites, puisque onze des douze raffineries françaises ainsi que de nombreux dépôts de carburant sont bloquées par le mouvement. Un plan d'acheminement du carburant a été mis en place aujourd'hui, ce qui devrait permettre selon François Fillon un retour à la normal sur tout le réseau de distribution (aéroports et stations services compris) d'ici quatre à cinq jours.