L'Airbus A380 continue à être opéré comme d'habitude par les compagnies aériennes, à l'exception de Qantas qui a immobilisé ses six appareils suite à l'explosion d'un réacteur sur son vol Singapour – Sydney hier. Si Qantas a immobilisé sa flotte d'avions géants pour au moins trois jours, question d'image, Singapore Airlines a en revanche continué leur exploitation après une courte interruption et Lufthansa n'a pas bronché, même si leurs appareils sont équipés des mêmes réacteurs Trent 900 fabriqués par Rolls Royce. Car c'est vers le constructeur britannique que les regards se tournent en ce début d'enquête, les compagnies Air France et Emirates dont les A380 sont équipés des GP7200 d'Engine Alliance (General Electric et Pratt & Whitney) ne se sentant pas "concernées" par le problème. Rolls Royce participe évidemment à l'enquête, et a rappelé qu'il était "inapproprié de tirer des conclusions à ce stade". Mais les analystes rappellent que l'incident sur le réacteur est sérieux, et surtout que ce n'est pas le premier de la famille Trent: un A380 de Singapore Airlines avait perdu l'usage d'un moteur en septembre 2009 pendant un vol Paris - Singapour, et un Trent 1000 destiné au 787 de Boeing a explosé sur son banc d'essai en août dernier. Les autorités européennes avaient par ailleurs issu une directive en janvier, notant des niveaux d'usure anormaux sur les Trent 900 en opération normale. Neuf des 17 compagnies ayant commandé le super jumbo ont choisi l'option Trent, et le prochain client, China Southern, a confirmé son choix de réacteur – elle doit recevoir son premier A380 à la fin de l'année prochaine. Pour la petite histoire, un A380 d'Air France est actuellement immobilisé à Roissy après avoir été heurté au sol par un A330 de la même compagnie, dont l'aile a déchiré une partie arrière du fuselage. Les vols Paris-New York sont donc effectués en B777-300 pendant une quinzaine de jours.