La compagnie aérienne Qantas vit un début de novembre noir: après l'explosion en vol d'un réacteur d'A380, des anomalies ont été découvertes sur d'autres moteurs de l'avion géant, et un Boeing 747 a été forcé de faire demi-tour, également pour une avarie moteur. La compagnie australienne n'en a pas fini avec les problèmes sur ses Airbus A380. Elle a en effet annoncé lundi matin avoir découvert de "légères anomalies" dans les réacteurs Rolls Royce Trent 900, en l'occurrence une présence d'huile "là où il n'est pas censé y en avoir". Les avions géants de Qantas vont donc rester au sol un peu plus longtemps. Le constructeur britannique du réacteur, qui a perdu plus d'un milliard d'euros en bourse après l'incident, reste au cœur de l'enquête. Les suspicions de débris étranger ont été écartées, les pales de rotor étant intactes, et les soupçons se portent désormais sur une cassure mécanique dans la partie arrière du réacteur contenant la turbine. Un expert a même avancé la théorie d'une cassure au niveau des disques de turbine, des photos de débris en Indonésie montrant un de ces disques cassé en deux et sans ses pales. Un autre expert rappelle que si les explosions de moteur sont devenues extrêmement rares, un défaut microscopique dans la fabrication ou dans les matériaux peut entraîner une avarie. Un rapport préliminaire devrait être présenté début décembre, mais l'enquête complète pourrait prendre un an. Un Boeing 747 de Qantas, lui aussi équipé de réacteurs Rolls Royce, a d'autre part du revenir se poser en urgence à Singapour après une avarie moteur peu après son décollage, des passagers parlant d'explosion et de flammes sortant du moteur. Le problème était cependant moins grave que sur l'A380 puisque l'appareil a pu repartir après trois heures et demie de retard. En attendant, Rolls Royce et Pratt & Whitney se poursuivent mutuellement en justice, chacun accusant l'autre de lui avoir volé le design de ses pâles. L'enjeu est de taille pour la fourniture de réacteurs à l'A380: sur les 234 appareils commandés, 122 doivent être équipés de réacteurs d'Engine Alliance (dont Pratt & Whitney fait partie) et 90 de Rolls Royce, les clients des 22 avions géants restants n'ayant pas encore choisi leurs moteurs.