Alors, faute ou pas faute ? En tous les cas, dans son 3ème rapport, le Bureau d’enquêtes et d’Analyses (BEA) n’accuse certes pas les pilotes –ce n’est d’ailleurs pas son rôle- mais les montre du doigt à plusieurs reprises comme n’ayant pas opté pour une procédure adéquate lors du décrochage du vol Rio-Paris de juin 2009. La conclusion hâtive que certains font est la suivante : « Les pilotes ont failli et la catastrophe était évitable. »  Les réactions ne se sont pas fait attendre. Air France défend ses pilotes dans un communiqué en indiquant que «  rien ne permet à ce stade de remettre en cause les compétences techniques de l’équipage ». Le syndicat Alter lui se demande si on ne tire pas trop sur les pilotes pour mieux oublier que  peut-être « ce sont les calculateurs de vol qui ont amené l’avion au décrochage » et qu’Airbus et Air France sont aujourd’hui les deux seuls mis en examen. Robert Soulas, président de l’association Entraide et Solidarité AF447 (famille de victimes) pense que les verdicts parus dans la presse faisant porter la « responsabilité à 95 % sur les pilotes et à 5 % sur l’avion » est « inadmissible ». Aujourd’hui, même si le BEA recommande un meilleur entraînement des pilotes aux situations de décrochage en haute altitude, ce même BEA reconnaît aussi un désaveu dans sa recherche des responsabilités au travers de l’une de ses 10 recommandations, à savoir, la mise en place d' enregistrements vidéos de l’ensemble du tableau de bord lors des vols. Aujourd’hui, il est probable que l’on ne saura jamais à quel point les paramètres erronés indiqués dans leur tableau de bord ont pu perturber la décision de pilotes. Augusto Lobato, commandant de bord brésilien ayant l’habitude de traverser l’océan entre le Brésil et la France, également président de l’Association des membres d’équipage de TAM Brazilian, et a priori indépendant des différentes parties prenantes, va en ce sens quand il déclare : « Seul le pilote présent pourrait dire réellement ce qui s’est passé et s’il était possible d’éviter la catastrophe ou non. » Une enquête judiciaire devra malgré tout trouver de vrais responsables à ce terrible drame qui a fait 228 morts.