La pression s’accentue sur le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA). Après le discrédit jeté par le syndicat national des pilotes (SNPL), majoritaire chez Air France, en suspendant sa participation à l’enquête, c’est au tour de l’association Entraide et solidarité AF447 (familles de victimes du vol Rio-Paris) qui réclame l’accès à l’ensemble des données des enregistreurs de vol de l’AF447. En tant que partie civile, l’association Entraides et solidarité AF447 a droit de consulter les pièces du dossier d’instruction mené par la juge Sylvie Zimmermann. Mais cette dernière a refusé leur accès aux familles sous prétexte que les données des boîtes noires ne font pas partie du dossier d’instruction. En effet, elles sont dans les mains du BEA qui est habilité à les analyser et à en tirer des conclusions futures sur les causes du crash. « Il y a cependant un déséquilibre puisque Air France y a accès au travers de l’enquête du BEA », a déclaré l’avocat des familles de victimes, qui a fait appel  de la décision du juge. L’association de familles de victimes critique depuis de nombreuses semaines la partialité du BEA, lui reprochant dernièrement de charger volontairement les pilotes au détriment d’Air France et Airbus, tous deux mis en examen. Il est vrai que le BEA devra s’expliquer sur le retrait d’une recommandation concernant l’ alarme de décrochage dans son 3è rapport publié vendredi dernier . Ce qui donne comme impression au SNPL ou aux familles de victimes que son enquête est plus orientée à charge contre les pilotes que dans une attitude totalement indépendante. Rappelons que les pilotes d’Air France ont annoncé par leur syndicat qu’ils se désengageaient de l’enquête. Robert Soulas, président de l’association de victimes, a quant à lui fait savoir dans un communiqué que « ce triste épisode jette définitivement un discrédit sur l’investigation technique » et « génère une crise de confiance sans précédent envers les autorités d’enquêtes ». L’association exige la publication immédiate de la recommandation effacée. « Il n’est nul besoin d’attendre les hypothétiques conclusions d’un groupe de facteurs humains pour réagir uniquement sur des critères de bon sens ». Le BEA a expliqué le retrait de cette recommandation car elle nécessitait des « informations supplémentaires » et qu’elle travaillait à en faire une 11ème recommandation.