La justice a condamné hier la compagnie aérienne Yemenia Airways à payer au titre de dommages et intérêts plus de 30 millions d’euros aux ayant-droit de 70 victimes du crash en juin 2009 au large des Comores, qui avait fait 152 morts et une unique rescapée. D’autres procédures judiciaires sont toujours en cours. Cinq ans et demi après l’accident de l’Airbus A310 de la compagnie yéménite lors d’un vol entre l’aéroport de Sanaa et Moroni, le Tribunal de grande instance d'Aix-en-Provence l’a condamnée le 19 février 2015 à dédommager plus de 500 proches de 70 victimes du crash, en réparation de leurs « préjudices moraux, financiers et patrimoniaux ». Expliquant que les montants tiennent compte du nombre de victimes dans une même famille, la cour a ordonné l’exécution provisoire du jugement: les indemnisations devront être versées même si Yemenia Airways fait appel. Les ayants-droit réclamaient 70 millions d’euros, mais un de leurs avocats a parlé d’une « indemnisation juste, équitable, marquée du sceau de la réparation intégrale ». Dans le détail, on retiendra que 1000 euros ont été alloués pour chaque victime au nom du comportement de Yemenia après l’accident : elle a selon les juges a « manifesté depuis le jour du drame une attitude de nature à exacerber la douleur des familles des victimes, et une hostilité à l’égard des demandes judiciaires destinées à établir la réalité des circonstances du crash ». Rappelons que la majorité des passagers de Yemenia avaient débuté leur voyage à Paris et Marseille. Bahia Bakari, une adolescente de 13 ans, était la seule survivante du crash, restant accrochée à un débris pendant près de onze heures avant d’être repêchée. L’A310 s’était écrasé en mer peu avant l’atterrissage à Moroni, le rapport officiel final concluant en juin 2013 que l’accident était de la responsabilité des pilotes. Le ministre comorien des transports expliquait alors que la commission d'enquête soutenue par l'état français (le BEA avait analysé les boîtes noires) avait conclu à une « action inadaptée de l'équipage au cours d'une manœuvre non stabilisée ». Lors du premier jugement rendu en France depuis le crash en décembre dernier, Yemenia Airways avait été condamnée à verser 1,2 million d'euros de dommages et intérêts aux familles de trois des 152 victimes. Pour les autres passagers, les proches ont choisi d’autres juridictions françaises ou comoriennes pour obtenir réparation, certains ayant directement transigé avec la compagnie. Yemenia doit aussi répondre de sa mise en examen pour homicides involontaires devant le tribunal de Bobigny.