La compagnie aérienne Cathay Pacific a enregistré en 2016 une perte nette de 74 millions de dollars, sa première depuis huit ans et le début de la crise. Une restructuration est déjà en vue afin de « l’amincir » et mieux résister à la concurrence, en particulier des low cost chinoises. La compagnie basée à l’aéroport de Hong Kong-Chek Lap Kok a annoncé le 15 mars 2018 avoir enregistré une perte nette l’année dernière, alors qu’en 2015 elle faisait état d’un bénéfice de 773 millions, avec un chiffre d’affaires en recul de 9,4%. Cathay Pacific évoque dans un communiqué « un environnement opérationnel de l'activité aérienne de base du Groupe difficile en 2016 », avec un certain nombre de facteurs affectant négativement leur performance. La concurrence intense et croissante avec les autres compagnies aériennes (telles que China Eastern et China Southern) était la plus importante, tout comme les surcapacités : il y avait plus de vols directs entre la Chine continentale et les destinations internationales. La concurrence des low cost a également augmenté (comme Spring Airlines ou HK Express par exemple). La compagnie de l’alliance Oneworld cite en outre trois facteurs économiques importants : le taux réduit de croissance économique en Chine continentale, une réduction du nombre de visiteurs à Hong Kong, et la force du dollar de Hong Kong qui a fait du territoire « une destination chère » et a entrainé la réduction des revenus gagnés dans d'autres devises. « Tous ces facteurs exercent une forte pression concurrentielle sur les rendements », souligne Cathay Pacific, l’impact de la baisse des prix du carburant étant réduit par les pertes liées à la couverture, largement imputables aux couvertures mises en place lorsque le prix du carburant était beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. La contribution des filiales et des sociétés associées a été satisfaisante, juge le groupe. Le chiffre d'affaires de l’activité passagers du Groupe en 2016 a diminué de 8,4% par rapport à 2015. La capacité a augmenté de 2,4%, « reflétant l'introduction de nouvelles routes et l'augmentation des fréquences sur d'autres routes », tandis que le coefficient d’occupation a reculé de 1,2 point de pourcentage à 84,5%. Le rendement, qui a « subi des pressions intenses tout au long de l'année », a reculé de 9,2% pour s'établir à HK54,1 cents, « reflétant une surcapacité du marché, une baisse de la demande de classe premium et des devises étrangères faibles ». Dans le fret, le chiffre d'affaires du Groupe baisse de 13,2% par rapport à l'année précédente. La capacité de fret de Cathay Pacific et Cathay Dragon a augmenté de 0,6% ; le taux de remplissage est en hausse de 0,2 point de pourcentage à 64,4%. Le rendement a chuté de 16,3% à 1,59 dollar, en raison de la forte concurrence, de la surcapacité et de la suspension des surtaxes de carburant de Hong Kong. La demande sur les itinéraires européens était faible, mais celle sur les routes transpacifiques a légèrement augmenté au cours du second semestre. En réponse à la faiblesse des revenus, le Groupe a entrepris un « examen critique » de ses activités. A court terme, Cathay Pacific met en œuvre des mesures visant à améliorer les revenus et à réduire les coûts ; à plus long terme, la stratégie élaborée en réponse à l'examen, visera à améliorer le rendement sur une période de trois ans. Elle devrait inclure des licenciements. En 2016, Cathay Pacific a inauguré des routes vers Madrid (en juin) et vers Londres-Gatwick (en septembre), mais a abandonné Doha en février (destination toujours proposée en partage de codes avec Qatar Airways). Les deux nouveaux services ont été « bien accueillis », une augmentation de fréquence étant prévue vers Gatwick mais aussi vers Manchester. En 2017, elle lancera des vols vers Tel Aviv en mars, Barcelone en juillet et Christchurch en décembre. La filiale régionale Cathay Dragon a augmenté ses fréquences sur ses routes de Phnom Penh, Wenzhou et Wuhan, et a réduit les fréquences sur celles vers Clark et Kota Kinabalu ; elle a aussi cessé de voler à Hiroshima, et a dédoublé Katmandou et Dhaka (les deux sont desservies en direct désormais). Côté flotte, Cathay Pacific a en 2016 pris livraison de 10 Airbus A350-900. Ces avions long-courriers économes en carburant et technologiquement avancés sont utilisés sur les lignes vers Auckland, Düsseldorf, Gatwick, Paris et Rome. Ses trois derniers Boeing 747-400 et trois A340-300 sont partis à la retraite (plus un autre A340-300 en janvier les trois derniers devant suivre le même chemin cette année). Perspectives 2017 Le président de Cathay Pacific John Slosar a déclaré s’attendre à ce que « l'environnement opérationnel en 2017 reste difficile » ; la forte concurrence des autres compagnies aériennes et l'effet négatif de la vigueur du dollar de Hong Kong devraient continuer à exercer une pression sur le rendement. Le marché du fret a connu un bon début, mais la surcapacité devrait persister. Mais il explique que « malgré les défis auxquels nous sommes confrontés, nous nous attendons toujours à ce que notre activité se développe à long terme. Le trafic aérien vers, depuis et dans la région Asie-Pacifique devrait connaître une forte croissance. Nous prévoyons profiter de cette croissance en augmentant notre capacité de passagers de 4 à 5% par an, au moins jusqu'à ce que la troisième piste de l'aéroport international de Hong Kong soit ouverte. Nous continuerons à introduire de nouvelles destinations et à augmenter les fréquences sur nos itinéraires les plus populaires. Nous achetons des avions nouveaux et plus éconergétiques. Cela augmentera la productivité et réduira les coûts ». Cathay Pacific débute un programme triennal de transformation de l'entreprise, dans le but d'obtenir « des rendements supérieurs au coût du capital ». L'objectif est de devenir une organisation « plus agile et plus compétitive » afin de profiter des évolutions des tendances du marché et des préférences des clients. De meilleurs services proposés plus efficacement grâce à l'utilisation de l'analyse de données et de la technologie mobile devrait « augmenter l'efficacité opérationnelle et nous aider à mieux répondre aux besoins de nos clients », assure-t-il. Sur la réduction des coûts, Cathay Pacific travaille sur des changements opérationnels visant à améliorer la fiabilité des horaires, et donc réduire le coût des perturbations. « Notre organisation deviendra plus mince », affirme John Slosar pour résumer les trois prochaines années.