La consultation lancée par le syndicat de pilotes SNPL ne laisse pas de place au doute : 71% des pilotes se sont déclarés en faveur d’une grève pouvant dépasser 6 jours chez la compagnie aérienne Air France, afin d’obtenir des augmentations de salaires supérieures à celles mises en œuvre par la direction. L’intersyndicale ayant déposé le préavis de grève pour le 23 mars se réunit ce matin pour discuter d’un durcissement du conflit.

Le président du SNPL Air France ALPA Philippe Evain a présenté le 14 mars 2018 le résultat du « référendum » mené auprès des pilotes de la compagnie nationale française, sur le principe « d’arrêts de travail d’une durée de plus de 144 heures »: 71% de oui, 29% de non. Le syndicat précise que la participation tous pilotes était de 54,3%, celle de ses membres s’élevant à 71% (avec 71,1% en faveur et 28,9% contre). Un « très large consensus » donc selon le dirigeant, qui souhaite que la direction d’Air France « entende ce message clair et sorte de son blocage ». Le bureau du SNPL Air France souligne dans un communiqué que ce résultat démontre que les pilotes « ont parfaitement compris que ces augmentations étaient maintenant nécessaires, et surtout qu’elles ne mettaient nullement en péril l’avenir de l’entreprise, bien au contraire ». La direction « et plus particulièrement notre DRH » doivent maintenant écouter le message envoyé par les pilotes, qui sont « prêts à démontrer leur détermination sans limite ». Le syndicat souligne qu’il est « regrettable de devoir systématiquement recourir à des arrêts de travail pour obtenir ce que nos collègues pilotes à l’étranger obtiennent naturellement ». Rappelons que la menace d’organiser « au besoin, un ou plusieurs arrêts de travail » sur plus de six jours est identique à celle du printemps 2016, finalement abandonnée au profit de multiples grèves.

L’intersyndicale qui a déposé le préavis de grève pour le vendredi 23 mars, regroupe trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant 52,6% des voix du personnel, demande toujours une augmentation de salaire de 6% (voire 10% pour les pilotes), ou de 200 euros par mois pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années. Elle se réunit ce jeudi matin, pour « définir la meilleure manière de contraindre » la direction d’Air France à « satisfaire  notre revendication salariale ». Cette dernière avait bien proposé un mécanisme d’ajustement salarial pour les employés dont les salaires ont progressé moins vite que l’inflation, demandant la levée du préavis ; mais tout a été rejeté, le principe d’un deuxième jour de grève pour tous les syndicats ayant été évoqué dès mardi. Selon l’intersyndicale, Air France « n’a, à aucun moment, tenté de débloquer la situation, cherchant même à diviser les salariés avec la proposition d’individualiser les augmentations ». Chez la filiale régionale de HOP!, le troisième syndicat de pilotes, Flight Union Cockpit (FUC), a également appelé à la grève les 22 et 23 mars, mais à propos de la convention collective et pas pour des raisons salariales.

Air France estime qu’avec son mécanisme d’ajustement salarial, « aucun salarié » n’aura vu son pouvoir d’achat diminuer entre 2011 et 2017. Ajoutée aux diverses mesures mises en œuvre cette année (augmentation pour tous de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions), cette proposition répond à la « préoccupation du maintien du pouvoir d’achat », tout en restant compatible avec le respect des équilibres économiques indispensables au développement de l’entreprise. L’intéressement reversé aux 44.200 employés après les bons résultats de 2017 (588 millions d’euros de bénéfice opérationnel pour la seule Air France) représentera en outre quelque 140 millions d’euros. Rappelons que la compagnie a estimé à 240 millions d’euros le coût d’une augmentation générale de 6% (plus une réduction de l’intéressement futur qui affectera « le moral de tous les salariés qui font ensemble, depuis des années, des efforts pour redresser la compagnie »), et à 26 millions d’euros le coût de la grève du 22 février, qui avait entrainé l’annulation de 25% des vols dont la moitié des départs sur le long-courrier.