La compagnie aérienne Air France supprimera en mai neuf vols entre Paris et Guangzhou, un de ses six Boeing 787-9 Dreamliner étant cloué au sol faute de reconduction par le syndicat de pilotes SNPL de l’accord permettant le transfert des instructeurs 777 vers les nouveaux appareils.

Selon Le Parisien, les rotations hebdomadaires de la compagnie nationale française entre Paris-CDG et l’aéroport de Guangzhou-Baiyun passeront en mai 2018 de cinq à trois, soit 40% de vols en moins, le remplacement du Dreamliner par un 777 limitant la diminution du nombre de places à 17%. Le vol de mardi est par exemple annulé, tandis que celui de mercredi sera assuré par un 777-300ER ; Air France partage ses codes sur cette ligne avec China Southern Airlines, qui propose de son côté une rotation quotidienne en Airbus A330-200. Les Dreamliner sont aujourd’hui également déployés vers Abidjan et Bamako, Bogota, Boston, Detroit, Montréal, Nairobi et Osaka.

L’immobilisation d’un 787-9, qui pourrait être suivie par celle de deux autres appareils, tient au refus du SNPL de reconduire l’accord signé en 2016 permettant de transférer les pilotes-instructeurs sur 777 vers les 787 le temps de permettre l’arrivée progressive d’instructeurs 787 ; cet accord arrive à échéance ce 30 avril 2018, et sa reconduction dépend en fait du résultat d’une négociation sans rapport direct. Le directeur général d’Air France Franck Terner expliquait il y a dix jours dans La Tribune avoir « un débat sur les protocoles d’analyse des vols. Le SNPL voudrait que la décision du caractère acceptable ou pas d’un retour d’expérience sécurité des vols se fasse de manière paritaire entre la direction et le syndicat. Or, cela pose un problème de réglementation et d’exercice des responsabilités pour la direction ». Le dirigeant précisait que « comme nous n’arrivons pas à signer cet accord, le SNPL dit qu’il ne signera pas l’accord de prolongation des instructeurs 787 ». Conséquence selon les commandants de bord sur Dreamliner Thierry Bellot et Serge Vito, responsables respectivement du projet et de la formation 787, faute de prolongation « la quasi-totalité des instructeurs 787 serait contrainte de retourner sur 777. Il n’en resterait plus que 9, dont 4 contrôleurs ou examinateurs dits TRE (type rating examinator) ».

Un septième Dreamliner devrait intégrer la flotte d’Air France en novembre, mais si la paix n’est pas signée entre Air France et le SNPL, jusqu’à trois de ces avions pourraient rester au sol. Une situation qui intervient sur fond de revendications sociales, le syndicat majoritaire chez les pilotes faisant partie de l’intersyndicale qui a déjà mené onze jours de grève depuis février, forçant la compagnie de l’alliance SkyTeam à annuler environ un quart de ses vols à chaque fois – pour un coût estimé à 300 millions d’euros. Quatre nouveaux jours de grève sont prévus les 3 et 4 puis 7 et 8 mai, alors que la direction mène depuis jeudi dernier une consultation de neuf jours demandant à tous les salariés de se prononcer sur sa proposition d’augmentation de 7% sur quatre ans (sous réserve de bons résultats). Rappelons que l’intersyndicale réclame une augmentation générale de 5,1%, les trois syndicats de pilotes SNPL, SPAF et Alter exigeant une hausse supplémentaire de 4,7%.

Air France : faute de pilotes, des vols en 787 annulés vers Guangzhou 1 Air Journal