La compagnie aérienne low cost Ryanair fait entre aujourd’hui et jeudi face à trois journées de grève de la part de ses pilotes en Irlande puis de ses PNC en Belgique, en Espagne et au Portugal. Son bénéfice net a reculé de 22% au premier trimestre, en partie pour des raisons sociales.

Ce 24 juillet 2018, certains pilotes irlandais de la spécialiste du vol pas cher sont en grève pour la troisième fois depuis le mois dernier, d’autres dates devant être annoncées dès demain. L’impact reste limité aux vols entre les aéroports irlandais et le Royaume Uni, avec 16 vols annulés sur les 290 programmés entre les deux pays, ce qui affectera 2500 clients. Ryanair dénonce un mouvement mené par « seulement 25% des pilotes irlandais », et remercie les autres 75% « qui travaillent normalement ». L’impact de la grève de deux jours des hôtesses de l’air et stewards est beaucoup plus important : 600 vols sont annulés mercredi et jeudi sur un total de 4800. Selon la low cost, 100.000 passagers seront affectés avec jusqu’à 200 vols seront annulés chaque jour depuis et vers l’Espagne (24% du programme quotidien), 50 depuis et vers le Portugal (27%), et 50 depuis et vers la Belgique (31% des 160 vols prévus chaque jour).

Le CEO de Ryanair Michael O’Leary a déclaré hier qu’il s’attend à d’autres grèves durant l’été, « car nous ne sommes pas prêts à accepter des demandes déraisonnables qui compromettraient nos bas tarifs ou notre modèle très efficace ». Ces grèves de nouveau qualifiées d’inutiles « continuaient de nuire à la confiance des clients et aux rendements de certains marchés », a-t-il ajouté, prévenant que la poursuite des grèves devrait pousser la low cost à revoir son programme d’hiver à la baisse, ce qui pourrait (comme l’hiver dernier) entraîner une réduction de la flotte et « des pertes d’emplois dans les marchés où des pilotes de la concurrence s’ingèrent dans nos négociations avec notre personnel et ses syndicats ».

Michael O’Leary s’exprimait lors de la présentation des résultats de Ryanair au premier trimestre (avril-juin 2018), qui a vu le bénéfice net chuter de 22% à 309,2 millions d’euros. La compagnie avait anticipé un alourdissement de sa facture carburant du fait d’un rebond des prix du pétrole qui lui a coûté 118 millions d’euros (et devrait atteindre 430 millions d’euros sur l’exercice). Cette envolée des prix du carburant pourrait en outre « aggraver les difficultés financières de certains de ses concurrents et nourrir les mouvements de fusion-acquisition » dont Ryanair dit pouvoir profiter. Le T1 a vu les dépenses liées au personnel augmenter, en particulier via des hausses de salaires des pilotes

Ryanair a mis en avant la hausse de 7% du nombre de passagers transportés à 37,6 millions au premier trimestre, malgré les 2500 annulations de vols liées à des grèves de contrôleurs aériens dans plusieurs pays (dont la France). Mais la hausse de trafic est accompagnée par une baisse des tarifs, en raison d’une forte concurrence sur le moyen-courrier en Europe et en particulier en Allemagne. Cette concurrence restera vive au deuxième trimestre, en raison de plusieurs facteurs comme la Coupe du monde de football, la vague de chaleur en Europe du Nord ou les grèves. Ryanair maintient sa prévision de bénéfice annuel, attendu en baisse dans une fourchette entre 1,25 à 1,35 milliard d’euros. Mais elle prévient à nouveau que le risque d’une absence d’accord sur le Brexit est « sous-estimé » quant à l’impact que cela aura sur l’économie.