La compagnie aérienne low cost Ryanair va supprimer six avions et 300 postes dans sa base historique de Dublin, en partie à cause des grèves menées par certains de ses pilotes en Irlande (qui remettront ça le 3 aout) mais aussi au profit de sa filiale charter en Pologne Ryanair Sun. Le deuxième jour de grève des PNC ce jeudi en Belgique, en Espagne et au Portugal aura le même impact qu’hier, avec 300 vols annulés sur les 2400 prévus.

Les raisons citées le 25 juillet 2018 par le Conseil d’administration de la spécialiste irlandaise du vol pas cher sont officiellement doubles : croissance rapide et « rentable en 2018 » des opérations charter en Pologne, et baisse des réservations longtemps à l’avance en Irlande, « en partie à cause des récentes grèves des pilotes irlandais qui ont un effet négatif » sur les réservations à tarifs élevés (pour des vols prochains) d’une part et sur les tarifs à long terme de l’autre, « la confiance des consommateurs dans la fiabilité de nos horaires de vols irlandais ayant été perturbée ». Conséquence pour la prochaine saison hivernale : le nombre de Boeing 737-800 basés à l’aéroport de Dublin passera de 30 à 24 au maximum, même si « peu de routes » seront supprimées, et des préavis de 90 jours pour plus de 100 pilotes et plus de 200 hôtesses de l’air et stewards, dont les services « ne seront peut-être plus nécessaires à partir du 28 octobre ».

Ryanair va dès maintenant entamer des consultations avec ses employés sur les licenciements qui, « s’ils sont nécessaires », seront déterminés par l’évaluation par la low cost « des performances de vol, de la productivité, des présences et des demandes de transfert de base ». La compagnie proposera des transferts vers la Pologne (et d’autres bases) à ces pilotes et employés de cabine basés à Dublin pour l’hiver 2018, « afin de minimiser les licenciements ». En Pologne justement, la filiale charter Ryanair Sun, annoncée en avril 2017 et lancée le printemps dernier depuis Varsovie-Modlin, dispose actuellement de cinq 737-800 ; « plus de cinq autres » viendront les rejoindre pour servir « les besoins des tour-opérateurs polonais ».

Le directeur des opérations de Ryanair Peter Bellew a déclaré dans un communiqué : « nous regrettons ces réductions d’avions de base à Dublin pour l’hiver 2018, mais le CA a décidé d’allouer davantage d’avions aux marchés où nous connaissons une forte croissance (comme la Pologne), ce qui entraînera des réductions d’avions et des suppressions d’emplois dans les marchés nationaux où les affaires se sont affaiblies, où les réservations à terme sont endommagées par les grèves tournantes des pilotes irlandais ». Il rappelle au passage que Ryanair exploite une flotte de plus de 450 avions à partir de 87 bases à travers l’Europe : « nous ne pouvons le faire que si nous continuons d’offrir des tarifs bas, des services fiables à nos clients ; et si notre réputation de fiabilité ou de réservations à l’avance est affectée, les suppressions d’emplois potentielles et d’appareils basés à Dublin sont une conséquence profondément regrettée ».

La réponse du syndicat Forsa, qui inclut désormais l’IALPA représentant les pilotes irlandais, ne s’est pas fait attendre : une quatrième grève est annoncée pour le 3 aout prochain, qui selon Ryanair affectera 20 des 290 vols prévus vendredi de la semaine prochaine (uniquement sur les lignes entre l’Irlande et le Royaume Uni). Le porte-parole de Forsa Bernard Harbour a expliqué sur RTE que la décision d’émettre des préavis constitue « une tentative de pression sur ses employés », ajoutant que ce geste « imprudent et inutile »  démontre « la réticence et/ou l’incapacité » de la direction à mettre en œuvre son intention affichée de négocier avec les syndicats sur les conditions de travail de son personnel. Ryanair affirme sur les réseaux sociaux que Forsa a de nouveau refusé une rencontre avec la direction.

Rappelons que ce conflit avec les pilotes basés en Irlande survient alors que les PNC en Belgique, en Espagne et au Portugal mènent ce jeudi un deuxième jour de grève : comme hier,  300 vols sur les 2400 prévus ont été annulés préventivement, affectant 50.000 passagers qui ont tous été replacés sur d’autres vols quand ils n’ont pas opté pour le remboursement du billet d’avion. L’impact annoncé de cette grève sur le trafic aérien est identique : 50 vols sont annulés depuis et vers la Belgique (31% des 160 vols prévus), jusqu’à 200 vols depuis et vers l’Espagne (24% du programme quotidien), et 50 depuis et vers le Portugal (27% du total).