L’Indonésie a demandé à l’Union européenne et aux Etats-Unis de permettre à ses sociétés de construire des usines de biocarburant basé sur l’huile de palme, sans quoi elle n’autorisera aucune commande d’avions chez Airbus ou Boeing.

Les « échanges de services » ne sont pas nouveaux dans l’industrie aéronautique, mais c’est la première fois que ce genre de « troc » touche aussi directement à l’environnement : si Airbus et Boeing veulent que les compagnies aériennes indonésiennes commandent leurs appareils, Jakarta exige que ce soit en échange de la construction en UE et aux USA par les sociétés du pays d’usines de production de carburant d’aviation basé sur l’huile de palme – dont le pays est premier producteur au monde. Selon le ministre indonésien du Commerce Enggartiasto Lukita, les Etats-Unis « ont répondu favorablement » à l’exigence transmise au secrétaire américain au Commerce le mois dernier que les entreprises indonésiennes soient autorisées à y produire du biocarburant pour avion. La même demande a été présentée à Airbus et aux Européens, apparemment sans réponse pour l’instant.

On est en droit de se demander ce qu’il adviendra des Garuda Indonesia, Lion Air, Sriwijaya Air ou filiales locales d’AirAsia entre autres si leur gouvernement interdit l’expansion ou le renouvellement de leur flotte avec les habituels avions européens et américains, sous prétexte de servir les intérêts des géants de l’huile de palme dont la production cause des ravages dans l’écosystème indonésien – mais représente le deuxième poste d’exportations du pays.

Mais en Europe, il est prévu à l’horizon 2030 de retirer progressivement toute huile de palme des biocarburants, en raison de l’impact indirect sur les gaz à effets de serre ; et les USA ont imposé en avril dernier une taxe anti-dumping de 300% sur le biocarburant indonésien produit à partir de l’huile de palme. Ni le Brésil (Embraer) ni le Canada (Bombardier) n’ont été mentionnés par le ministre indonésien.

L’impact environnemental de la culture de l’huile de palme a déjà posé les producteurs de biocarburant à orienter leurs recherches vers des produits plus « verts », comme les huiles usagées, les algues ou les déchets ménagers. Rappelons en outre qu’Airbus, Boeing et Embraer se sont alliés en signant un protocole pour le développement de biocarburants à un prix abordable. Les trois constructeurs visent à « atteindre une croissance neutre en carbone à partir de 2020 et de réduire de 50% les émissions générées par l’industrie d’ici 2050, par rapport aux niveaux de 2005 ».

On rappellera que le lancement en 2011 de la « taxe carbone » (ETS) par l’Europe avait provoqué la colère en particulier de la Chine, qui avait menacé de geler toutes ses commandes chez Airbus si ses compagnies étaient incluses (l’UE avait répondu en menaçant d’interdire les mauvais payeurs d’accès aux aéroports du vieux continent). Les « trocs » officiels ou supposés entre pays acheteurs et producteurs d’avions sont en général liés à l’industrie, comme récemment dans les cas d’Emirates Airlines (Airbus contre créneaux horaires) ou Qatar Airways (Airbus contre Rafale) entre autres.

L’Indonésie : l’huile de palme conditionnera les commandes d'avions 1 Air Journal

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