La compagnie aérienne low cost Ryanair a revu à la baisse le nombre de vols annulés vendredi, jour de grève lancé par des syndicats d’hôtesse de l’air et stewards dans cinq pays européens. L’Union européenne l’a exhortée à respecter les lois locales, ce à quoi elle a répondu en déposant une plainte pour pratiques anticoncurrentielles de la part de ses concurrentes et des syndicats.

Alors qu’elle avait initialement annoncé près de 190 annulations de vols pour le 28 septembre 2018, jour choisi par des syndicats de PNC en Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, aux Pays-Bas et au Portugal pour lancer une nouvelle grève de 24 heures, la spécialiste irlandaise du vol pas cher a revu à la baisse cette estimation. Selon son communiqué de mercredi, seulement 150 départs sont supprimés vendredi sur les 2400 prévus, « la vaste majorité de nos employés venant travailler normalement ». Ryanair avait prévenu les quelque 30.000 passagers affectés, mais ne précise pas ce qui advient à ceux dont les vols ne sont plus annulés.

La low cost dit « regretter sincèrement ces perturbations inutiles » causées par des syndicats « à la demande des employés des compagnies aériennes concurrentes ». Selon un communiqué publié mercredi, ces dernières sont visées par la plainte déposée devant la Commission européenne appelant à une « enquête sur le comportement anticoncurrentiel de certains membres d’équipage d’autres compagnies aériennes, syndicats et groupes de pression qui entravent activement les négociations entre Ryanair et ses pilotes et son personnel de cabine et répètent les grèves dans le but de nuire aux activités de Ryanair et à la confiance de ses clients, au profit des concurrents de Ryanair ». La veille, la compagnie aérienne avait répété ses attaques contre ces adversaires désignés, accusant par exemple en Espagne « un membre de l’équipage de cabine de Norwegian à Alicante » de mener la grève, au Portugal « un PNC de TAP Air Portugal appelle à la grève sans le soutien de notre personnel de cabine portugais », ou encore en Italie où des accords ont déjà été signés « un petit syndicat qui n’a aucune reconnaissance ni aucun soutien parmi nos équipages de cabine italiens ».

La commissaire européenne à l’Emploi Marianne Thyssen a répété mercredi que Ryanair devait avant tout respecter les législations européennes en vigueur : après son entretien avec le CEO Michael O’Leary,  elle a déclaré dans un communiqué que le respect du droit communautaire n’est pas « quelque chose sur lequel les travailleurs devraient avoir à négocier, ni quelque chose qui peut être fait différemment d’un pays à l’autre ». Ce n’est pas le pavillon de l’avion « qui détermine la loi applicable. C’est l’endroit d’où les travailleurs partent le matin et reviennent le soir, sans que l’employeur ait à couvrir les frais », insiste-t-elle, soulignant que le marché « n’est pas une jungle ». Le patron de la low cost a répliqué que cette question de législation applicable « n’est pas pertinente » puisqu’elle a justement proposé d’abandonner ses pratiques au profit de contrat du droit local – mais seulement dans les pays où elle aura signé des accords avec les syndicats « nationaux », comme c’est déjà le cas en Irlande, en Grande Bretagne, en Italie ou en Allemagne pour les pilotes ou les PNC…