Un mois avant la clôture officielle de la vente de la compagnie aérienne Alitalia, aucune solution de reprise ne serait en vue, et le gouvernement chercherait à reporter le remboursement du prêt de 900 millions qu’il lui avait accordé. Les syndicats menacent de se mettre en grève si aucune réponse concrète n’est apportée d’ici la fin du mois.

Alors que le processus de vente de la compagnie nationale italienne prend officiellement fin le 31 octobre 2018, le gouvernement pourrait selon le quotidien Il Sole 24 Ore acquérir 15% de son capital, « aux côtés d’une société publique telle que Ferrovie dello Stato (FS, la société ferroviaire) et d’un investisseur étranger » – toujours dans le but de conserver le contrôle de 51% du capital d’Alitalia. Mais cette acquisition ne pourrait intervenir qu’une fois le prêt-relais de 900 millions d’euros remboursé, ce qui doit être fait au 15 décembre ; Rome chercherait à repousser de six mois cette date limite, à laquelle tient beaucoup le gendarme européen de la concurrence. Et le dirigeant de FS Gianfranco Battisti était cité la semaine dernière par la presse locale comme étant préoccupé par des participations financières « dans d’autres compagnies ».

Côté investisseurs étrangers, Lufthansa, easyJet et Wizz Air ont toutes exprimé leur intérêt pour une prise de participation dans la compagnie de l’alliance SkyTeam ; mais un investissement « significatif » par la compagnie allemande dans sa filiale italienne Air Dolomiti, annoncé la semaine dernière pour ne pas attendre la décision de Rome, pourrait de fait mettre fin à ses vues sur Alitalia.

Mais cette absence de décision agace les syndicats, qui devraient rencontrer le ministre de l’industrie vendredi. Avec à la clé une menace de grève si aucune décision n’est annoncée à la fin du mois. « Cette attente de solutions concrètes pour remplacer les promesses faites jusque là est inacceptable pour nous », a déclaré à ATW Stefano de Carlo le dirigeant d’ANPAC (pilotes), qui a formé la semaine dernière la FNTA (fédération nationale du transport aérien) rassemblant plusieurs organisations de pilotes et de PNC. « Les hôtesses de l’air et stewards comme les pilotes ne vont pas attendre passivement que le 31 octobre passe, et faute de solution vont se mobiliser », a-t-il promis, exprimant des doutes sur la capacité d’Alitalia à « passer l’hiver » sans plan de sauvetage.

Mise sous « administration extraordinaire » début mai 2017, suite aux refus des actionnaires dont Etihad Airways de remettre la main à la poche en raison du rejet par les salariés d’un nouveau plan d’austérité, Alitalia a depuis vu sa privatisation reportée à plusieurs reprises avant la formation d’un gouvernement par le parti populiste 5 Etoiles et celui d’extrême droite la Ligue ; au mois de mai, ils se déclaraient convaincus qu’Alitalia ne doit pas seulement être sauvée, mais aussi relancée dans le cadre d’un « plan national stratégique » dans les transports qui « ne peut pas faire abstraction » d’un transporteur national « compétitif ».

La recherche du ou des actionnaires prêts à investir jusqu’à hauteur de 49% au maximum dans Alitalia se poursuit donc. Luigi Gubitosi, un des trois commissaires placés à sa tête, annonçait fin septembre que la compagnie aérienne devrait dégager un bénéfice d’environ 2 millions d’euros au troisième trimestre, et que sa trésorerie « est en bonne voie » pour lui permettre de rembourser le prêt accordé par l’Etat italien…

Alitalia: pas de solution en vue mais une grève? 1 Air Journal