« Pitch up, pitch up » auraient été les derniers mots prononcés par les pilotes du vol ET302 de la compagnie aérienne Ethiopian Airlines avant que leur Boeing 737 MAX 8 ne s’écrase, entrainant la mort des 157 personnes à bord. Le coût de l’immobilisation au sol des 371 monocouloirs remotorisés monte pour les compagnies aériennes, TUI estimant à 200 millions de dollars l’impact de la mesure sur ses résultats.

La conversation des pilotes rapportée par le Wall Street Journal aurait eu lieu à 137 mètres d’altitude, juste avant que l’avion ne s’écrase 6 minutes après son décollage de l’aéroport d’Addis Abeba-Bole le 10 mars 2019. Le même quotidien, citant toujours des sources anonymes proches de l’enquête, avait déjà révélé la semaine dernière que le système MCAS anti-décrochage s’était bien enclenché lors de cet accident, comme lors de celui du vol JT610 de Lion Air en octobre dernier – là aussi opéré en 737 MAX 8.

L’enquête sur l’accident en Ethiopie continue, mais le rapport intérimaire attendu dans quelques jours devrait confirmer la similarité entre les deux accidents ; avec au centre de toutes les accusations le système MCAS, qui fait piquer l’avion en cas de mesures indiquant un décrochage possible – et ce malgré les interventions des pilotes. Boeing a déjà présenté les modifications du logiciel la semaine dernière, sans que l’on sache quand elles seront certifiées par la FAA – puis par les autres régulateurs dans le monde tels que l’EASA européenne (absente de la réunion selon le Los Angeles Times), Transport Canada ou la CAAC en Chine. Aucune des parties n’a commenté les dernières informations.

La reprise des vols des 371 MAX 8 et MAX 9 cloués au sol depuis le mois dernier pourrait ne pas commencer avant plusieurs mois. Southwest Airlines (34 livrés) indiquait ce weekend que cela ne se fera pas avant le mois de mai, et Air Canada (24 en service) a fixé au 1er juillet au plus tôt leur retour dans les airs. Oman Air a de son côté déjà annulé 478 vols, depuis le 12 mars et jusqu’à la fin avril. 

Le tour-opérateur TUI (15 MAX chez plusieurs filiales) a indiqué de son côté que l’immobilisation de ses appareils – si elle prend fin mi-juillet – devrait coûter environ 200 millions d’euros cette année, en particulier via une hausse de la facture carburant due à l’utilisation d’avions plus anciens et via l’extension de contrats de leasing. Un report jusqu’en septembre lui couterait 100 millions de plus, a précisé le groupe. Garuda Indonesia, qui veut remplacer sa commande de 737 MAX par d’autres appareils (une annulation pure est simple est peu probable), juge que l’immobilisation de son unique MAX 8 lui coutera au total 3 millions de dollars ; « beaucoup moins » pour sa rivale Lion Air même si elle a dix appareils de ce type, a indiqué la low cost dans Tempo.

 Les analystes commencent de leur côté à estimer la facture finale que pourrait payer Boeing  – qui ne dit mot sur le sujet. La mise à jour du logiciel et de la formation, leur déploiement, les indemnisations des familles de victimes et des compagnies aériennes pourrait dépasser les 2 milliards de dollars selon Cowen Research…

Boeing 737 MAX : voix des pilotes et coûts en hausse 1 Air Journal