Les pilotes du Boeing 737 MAX 8 de la compagnie aérienne Ethiopian Airlines qui s’est écrasé début mars, entrainant la mort des 157 personnes à bord, auraient suivi les procédures et déconnecté le système MCAS, sans pouvoir reprendre le contrôle de l’appareil.

Alors que le ministère éthiopien des Transports doit tenir ce 4 avril 2019 une conférence de presse pour présenter le rapport préliminaire sur le crash du vol ET302, le Wall Street Journal cite des sources anonymes informées de ce rapport selon lesquelles les pilotes ont initialement suivi les procédures pour désactiver le système MCAS anti-décrochage, afin de reprendre le contrôle de l’avion. Ils auraient ensuite remis le système en marche, essayant de trouver d’autres moyens de maîtriser le 737 MAX – en vain. Selon les sources du WSJ, ces informations sont tirées de « l’exploitation des données téléchargées depuis la boîte noire de l’avion ». Si ces informations sont confirmées, elles confirmeraient que les pilotes étaient au courant des procédures rappelées par Boeing (et par la FAA)  après le crash du 737 MAX 8 de Lion Air en octobre dernier, qui avait fait 189 victimes et dont le rapport préliminaire indiquait un problème avec les sondes AOA et le système MCAS.

Boeing a immédiatement mis en garde contre des conclusions tirées avant que les enquêteurs ne divulguent plus de détails : « Nous vous recommandons de ne pas spéculer et de tirer des conclusions sur les conclusions antérieures à la publication des données de vol et du rapport préliminaire », déclare le constructeur dans un communiqué. Il présentera à la FAA « dans les prochaines semaines » la mise à jour du logiciel du MCAS et de la formation des pilotes.

Dennis Tajer de l’Allied Pilots Association (737), représentant les pilotes d’American Airlines, a de son côté expliqué dans Flightglobal que le MCAS, qu’il appelle un « monstre », agit beaucoup plus vite que les pilotes, empêchant ces derniers de contrer son action en cas de données AOA erronées : « chaque fois que vous réalisez un gain, le sien en sens contraire est double », le système forçant l’avion à piquer du nez malgré les efforts de l’auipage.

D’autres spéculations sur les causes de l’accident d’Ethiopian Airlines ont vu le jour, notamment hier sur ABC News selon qui des débris ou un choc aviaire au décollage auraient endommagé les sondes AOA du 737 MAX 8 assurant le vol ET302. Dans le cas du vol JT610 en Indonésie, ces sondes auraient aussi pu être mal réparées chez XTRA Aerospace en Floride avant d’être remontées sur le 737 MAX 8 de Lion Air, se demandait Bloomberg sans rien affirmer.

Rappelons que les 371 Boeing 737 MAX mis en service dans le monde sont cloués au sol depuis le 13 mars. La FAA a annoncé hier la formation d’une équipe internationale d’experts (Joint Authorities Technical Review), dirigée par l’ancien du NTSB Christopher Hart, afin de « s’assurer de la sécurité du 737 MAX ». L’équipe sera composée d’experts de la FAA, du NTSB et « d’autres régulateurs internationaux », le Canada ayant déjà signalé sa volonté d’y participer. Ils « examineront en détail la certification du système de contrôle de vol automatisé de l’avion Boeing 737 MAX », et évalueront « les aspects du système de contrôle de vol automatisé 737 MAX, y compris sa conception et son interaction avec le système, afin de déterminer sa conformité l’ensemble des réglementations applicables et d’identifier les améliorations futures qui pourraient être nécessaires ». Cette évaluation sera indépendante du processus de la FAA, a assuré l’autorité américaine. 

Crash d’Ethiopian Airlines : les pilotes hors de cause ? 1 Air Journal