Le Conseil constitutionnel a donné son feu vert à la proposition de Référendum d’initiative partagée (RIP) lancée par des parlementaires opposés à la privatisation d’Aéroports de Paris. Une consultation publique doit désormais recueillir 4,7 millions de signatures pour tenter d’enterrer le projet qui devait rapport environ 9,5 milliards d’euros à l’Etat.

Requiescat in pace ou référendum d’initiative partagée ? Les trois lettres signifient en tout cas un report aux calendes grecques du projet de privatisation du Groupe ADP, après la validation le 9 mai 2019 par le Conseil constitutionnel de la proposition de RIP par 248 parlementaires. « Le Conseil constitutionnel juge que sont remplies les conditions constitutionnelles et organiques d’ouverture de la phase de la procédure dite du référendum d’initiative partagée », précise un communiqué des Sages. Les initiateurs du RIP ont désormais neuf mois pour recueillir via une pétition le soutien de 10% de l’électorat (4,7 millions de personnes) ; si le seuil est atteint, le Parlement aura six mois pour examiner la proposition de loi qui sera soumise à référendum par les initiateurs du RIP. Le président de la République devra ensuite organiser ce référendum – sans délai fixé.

Votée le mois dernier, la loi Pacte incluait la privatisation du gestionnaire des aéroports de Paris-CDG et Orly, avec selon le gouvernement un choix simple : prendre environ 9,5 milliards d’euros tout de suite (valeur estimée des 50,6% du capital détenus par l’Etat), ou espérer continuer de recevoir des dividendes annuels (174 millions d’euros en 2018, en hausse proportionnellement à un résultat net qui a doublé en cinq ans). L’argent récolté par la privatisation d’ADP serait placé en obligations d’Etat, dont les dividendes rapporteraient 250 millions d’euros chaque année qui seront versés au Fonds pour l’innovation et l’industrie.

Rappelons que le reste du capital du premier groupe aéroportuaire mondial est détenu à 21,9% par des investisseurs institutionnels, à 8,0% par le Royal Schiphol Group (gestionnaire d’Amsterdam), 8,0% par Vinci, 5,1% par Crédit Agricole Assurances/Predica, 4,3% par des actionnaires individuels et 1,6% par les salariés. Et que l’Etat n’a pas encore décidé s’il se séparera de tout ou partie de ses 50,6%. Mais pour ADP comme pour les caisses du gouvernement, le processus risque fort de tourner en référendum contre Emmanuel Macron…

ADP : privatisation reportée pour cause de RIP 1 Air Journal

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