Le Référendum d’initiative partagée (RIP) contre le projet de privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) a déjà recueilli plus de 480.000 signatures, soit 10% du nombre nécessaire pour atteindre – d’ici neuf mois – le minimum pour valider la proposition de loi référendaire.

Le Conseil constitutionnel, chargé de contrôler la procédure lancée mi-juin, a annoncé que le site du ministère de l’intérieur dédié au RIP avait enregistré 483.000 soutiens au 1er juillet 2019. Les initiateurs du RIP ont jusqu’à mars pour recueillir par voie électronique l’approbation d’au moins 10% du corps électoral, soit plus de 4,7 millions de signatures ; ce premier décompte officiel a été jugé « encourageant » par les initiateurs de la proposition de loi référendaire, 248 parlementaires de tous bords. Trois quarts de Français seraient prêts à « signer une pétition pour réclamer l’organisation d’un référendum sur la privatisation des Aéroports de Paris », selon le sondage YouGov pour le HuffPost. Qui soulignait hier « qu’aucun clivage partisan existe puisque 63% des sympathisants LREM sont prêts à signer. Le taux grimpe à 83% au Rassemblement national et même 90% à la France insoumise ».

Si le seuil des 10% du corps électoral est atteint en faveur de l’arrêt de la privatisation, le Parlement aura six mois pour examiner la proposition de loi qui sera soumise à référendum par les initiateurs du RIP. Si l’Assemblée nationale et le Sénat examinent le texte soumis aux signatures, le référendum n’aura pas lieu ; il suffit que l’une des deux chambres ne l’examine pas pour contraindre à l’organisation du RIP. Le président de la République devra ensuite organiser ce référendum – sans délai fixé. De quoi reporter toute décision sur l’avenir d’ADP aux calendes grecques.

Votée en avril, la loi Pacte incluait la privatisation du gestionnaire des aéroports de Paris-CDG et Orly, avec selon le gouvernement un choix simple : prendre environ 9,5 milliards d’euros tout de suite (valeur estimée des 50,6% du capital détenus par l’Etat), ou espérer continuer de recevoir des dividendes annuels (174 millions d’euros en 2018, en hausse proportionnellement à un résultat net qui a doublé en cinq ans). L’argent récolté par la privatisation d’ADP serait placé en obligations d’Etat, dont les dividendes rapporteraient 250 millions d’euros chaque année qui seront versés au Fonds pour l’innovation et l’industrie.

Rappelons que le reste du capital du premier groupe aéroportuaire mondial est détenu à 21,9% par des investisseurs institutionnels, à 8,0% par le Royal Schiphol Group (gestionnaire d’Amsterdam), 8,0% par Vinci, 5,1% par Crédit Agricole Assurances/Predica, 4,3% par des actionnaires individuels et 1,6% par les salariés. Et que l’Etat n’a pas encore décidé s’il se séparera de tout ou partie de ses 50,6%.

Privatisation d’ADP : 10% des signatures nécessaires au RIP recueillies 1 Air Journal

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